A propos du rapport Attali
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Plaidoyer pour la négociabilité
LES FAITS. Jacques Attali a remis cet après-midi à Nicolas Sarkozy son rapport sur la “libération de la croissance française”. Parmi les quelques pistes préconisées, “l’accroissement de la concurrence pour augmenter le pouvoir d’achat” par la libéralisation des régulations qui encadrent le commerce. Notamment la négociabilité des conditions générales de vente.
Depuis 15h30, Nicolas Sarkozy a donc sur son bureau le rapport commandé à Jacques Attali. Et l’ancien Sherpa de François Mitterrand a visiblement tenu son rang de “brasseur d’idées” quitte à sacrifier parfois l’exactitude de la démonstration (voir encadré). Parmi les pistes évoquées : le retour à la négociabilité des conditions générales de vente. Un tabou pour les industriels qui avaient visiblement sanctuarisé cette “avancée” de la Loi Galland. “Une forteresse imprenable”, résumait encore récemment l’un d’eux. Pendant l’été, alors que Michel-Edouard Leclerc était bien esseulé pour souhaiter la négociabilité des CGV, les industriels ripostaient encore mollement. Désormais proposée par un tiers extérieur (et écouté), c’est le branle-bas de combat. Tous sur le pont avec en guise de contre-argument massue la non-discrimination. En clair, les industriels – vertueux par principe – s’opposent à la négociabilité de leur CGV car elle les conduiraient automatiquent à pratiquer des conditions trop différentes d’un client à l’autre (sous-entendu : ils ne le souhaitent pas). Argument recevable sur le principe. Mais tellement éloigné de la réalité des faits qu’il en perd tout poids dans le débat qui doit à présent s’engager.
Le mirage de la non-discrimination
Il faudrait être grand naïf pour ne pas l’accepter : la non-discrimination est un mirage. Sauf, peut-être, au pays des Télétubbies où bonté, amour et loyauté font règle. Dans ce monde-là, oui la riposte des industriels feraient sens. Pas ici et maintenant… Dès lors, soutenir la négociabilité revient, sans idéologie, à prendre acte d’une situation existante et à sortir enfin de l’hyprocrisie. C’est notamment pour avoir figé les CGV des industriels que, sous l’ère Galland, la coopération commerciale a explosé. Par principe intellectuel (à la portée de chacun…), vendeur et acheteur ont besoin d’un espace de négociation. C’est logique, naturel et, pour tout dire, sain. La loi Galland a déporté cet espace de négociation “hors-facture”, sous la forme opaque de coopération commerciale et services divers. C’est, pour le coup, absurde et malsain.
Lactalis ou Leclerc, qui aura le beau rôle ?
Toutes aussi absurdes les annonces, par médias interposés, des revalorisations tarifaires des plus grands industriels. Les voilà annonçant urbi et orbi + 10 % par ici, + 20 % par là. Qu’importe, sur le fond, que ces hausses soient légitimes ou alibi. C’est sur la forme que le bât blesse. Et gravement. A l’heure où le consommateur s’inquiète de son pouvoir d’achat, qui aura le beau rôle ? Michel Léonard, le patron de Lactalis, qui annonçait jeudi dans Les Echos des tarifs en hausse de 15 à 17 %, ou Michel-Edouard Leclerc qui, trois jours plus tard dans le Journal du Dimanche, interpellait Nicolas Sarkozy, lui promettant de faire baisser les prix s’il peut… les négocier ?
O. DAUVERS
Les “à peu près” de Jacques Attali
De vraies solutions sur la foi de constats approximatifs ? Peut-être… Sur la base des “meilleures feuilles” qui ont circulé en fin de semaine dernière, le rapport Attali n’est pas un modèle d’exactitude dans les constats qui sont posés. Exemples : 1) La rentabilité de la distribution française ? “Supérieure” à ses concurrents européens, selon le rapport. En fait, si les marges des enseignes françaises ont certes progressé depuis 10 ans, elles n’ont pas dépassé les résultats des groupes étrangers. 2) Les lois Royer et Raffarin. Pour avoir freiné l’implantation des grandes surfaces, elles auraient “coûté” 115 000 emplois à l’économie, toujours selon le rapport. Une affirmation péremptoire bien davantage qu’un constat argumenté. Simplement car précisément indémontrable !
M. Dauvers,
Votre analyse est navrante et lapidaire. En effet, vous ne tenez pas compte du déséquilibre énorme qui existe dans la relation commerciale entre distributeurs et PME par exemple. La sacralisation des CGV est actuellement le seul moyen que les PME ont pour imposer des choses à leurs distributeurs et notamment le tarif de base qui ne peut être remis en cause par personne car il est de la responsabilité de l’industriel. Vous permettez vous de discuter le prix tarif d’un véhicule chez un concessionnaire ? Non bien sûr. Mais vous vous permettez d’en discuter les remises ce qui est le cas aujourd’hui et ces remises doivent clairement figurer dans les CGV.
Si les propositions Attali sont mises en oeuvre, les PME ne pourront plus passer une seule hausse de tarif sans menace de déréférencement immédiat. C’est donc à terme la mort de bon nombre d’entre elles et dans le moins pire des cas leur rachat par de grands groupes comme c’est déjà le cas aujourd’hui (LActalis). Ces groupes seront alors en position de quasi monopole et ce sont eux qui imposeront leurs prix.
Cessez M. dauvers de proférer de svérités qui n’en sont pas car avec la transparence sur les PVC (3xnet à venir), les PME n’ont pas d’autre choix que d’aligner les conditions de leurs distributeurs.
Mais je n’oublie pas que vous n’allez pas jeter de pierre dans votre propre jardin ni celui de vos amis les distributeurs.
Cdt,
G. RICCA
bonjour Olivier
merci pour ton interview exclusive auprès de Stella de la Rhune qui apprécie la qualité des analyses, qui dérangent certes parfois, mais sont toujours fondées sur une analyse objective & réfléchie.
http://stelladelarhune.typepad.fr/stella_de_la_rhune_une_fi/2007/10/les-prix-olivie.html
Stella est déjà impatiente pour la prochaine de tes analyses au sujet de son caddy qui la met dans une grande perplexitude!!
alors à bientot!