Hard-discount : la vertu ou le vice ?
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Hard-discount, un chevalier pas très blanc
LES FAITS. Adoptée en Conseil des Ministres, la loi LME entame son parcours parlementaire. Parmi les dispositions imaginées par Luc Chatel pour stimuler la concurrence : le relèvement à 1 000 m2 du seuil de surface soumis à autorisation. Le hard-discount se frotte les mains.
Comme souvent, c’est ceux qui parlent le moins qui… engrangent le plus !
Prenez les grands acteurs du hard-discount… Complètement absents du débat public et, pourtant, une nouvelle fois grands vainqueurs de la loi qui s’annonce. Une “nouvelle fois” car, en 1996 déjà, dans un silence tout aussi étourdissant, les hard-discounters se réjouissaient d’une loi (Galland) qui ouvrait une ère de turpitudes entre marques et enseignes dont ils se voyaient les bénéficiaires. Douze ans plus tard, bis repetita. Le triomphe s’annonce même total. Les voilà parés de toutes les vertus au premier rang desquelles celle de “chevaliers blancs de la concurrence” ! Luc Chatel, en service médiatique pour défendre son texte, n’a de cesse depuis 10 jours de justifier le relèvement à 1 000 m2 du seuil de surface commerciale soumis à autorisation. Car, à l’entendre, il faut d’urgence rallumer la flamme de la concurrence dont plusieurs études ont savemment distillé l’idée qu’elle vaçillait dangeureusement.
2009, année record pour les ouvertures de hard-discount. Et d’ici là, les cloisons vont tomber…
De facto, la première conséquence de la loi Chatel, (ou Lagarde, la petite histoire dira d’ici à quelques mois qui en gardera la paternité) est bien d’ouvrir la route au hard-discount, bien plus qu’aux supers, et a fortiori aux hypers. Chez Lidl, Aldi et consorts, les “développeurs” sont plus que jamais en chasse, carnet de chèques en main, à la recherche de nouveaux emplacements. 2009 sera à l’évidence un grand cru pour le nombre d’ouvertures. D’ici là, les cloisons de nombreux magasins de 299 m2 vont tomber… Il suffit pour s’en convaincre de constater le nombre de sites actuels où les places de parking (ou même le parc de chariots) sont disproportionnées comparées aux mètres carrés commerciaux exploités. Preuve que “le coup d’après” est déjà anticipé.
Mission de service public ?
A bien des égards, la route qui s’ouvre au hard-discount est donc un véritable boulevard. A l’onction politique se rajoutent les capacités de déploiement des enseignes elles mêmes : des rentabilités toujours solides et – ce qui ne gâche rien – des chiffre d’affaires actuellement étincellants.
Netto (Groupe ITM) annonce + 11 % à parc constant sur le premier trimestre ; de bonne source, Lidl ferait mieux encore ; quant à Leader Price (Groupe Casino), après deux ans de purgatoire, voilà l’enseigne à nouveau en positif (+ 1,3 %). Et, sur ce marché, il n’est pas un fournisseur pour contredire une tendance flatteuse des “sorties usines”.
Reste une interrogation : le hard-discount est-il à la hauteur de ce qui, à écouter Luc Chatel ou certaines associations de consommateurs, s’apparente presque à une mission de service public C’est oublier un peu vite que le hard-discount n’a pas toutes les vertus. Loin s’en faut. Etonnamment, pas un commentaire (ou alors terriblement discret…) pour rappeler que cette forme de vente est socialement moins-disante que les hypers ou les supers. Un seul chiffre pour s’en convaincre : les frais de personnel… A grand coup de serpe, certes, du simple au double : 5 % pour un hard-discounter, 10 % pour un hyper. Autrement calculé, chaque point de part de marché gagné par le hard-discount “coûte” 5 à 6 000 emplois à la collectivité, même si ce solde est sournoisement invisible. Dès lors, si le gouvernement veut raviver la concurrence, mais sans sacrifier l’emploi, il n’a d’autres choix que de relever bien plus haut le seuil des 1 000 m2. Mais les enseignes d’hypers et de supers le souhaitent-elles vraiment ? Pas sûr. Ne serait-ce que pour sauvegarder la valeur de leurs actifs. Rares, donc chers….
O. DAUVERS
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