Une journée de « balade-magasins » (j’vous reparlerai une prochaine fois de ce concept d’immersion commerciale) dans le Nord. L’occasion de ramasser quelques perles et notamment cet incroyable reproche fait à Match : ne pas vendre ses produits… suffisamment cher.
« Les consommateurs recherchent certes le meilleur prix, écrit en substance un consommateur dans le cahier de doléances placé à l’entrée (agrandissez l’image, ça vaut son pesant de cacahouètes). Mais sous prétexte qu’un produit est moins cher, ils ne veulent pas pour autant contribuer à l’exploitation de la misère de ceux qui ont fabriqué ou cultivé les produits. Exemple un filet de 4 citrons à 0,99 euro. C’est la misère pour ceux qui ont cultivé les citronniers et la misère pour ceux qui les ont transportés ».
La question n’est évidemment pas fondement. Mais elle prend un relief vraiment savoureux quand elle est posée à Match dont la vigueur discount n’est pas, spontanément du moins, le premier des attributs. Au point qu’après avoir attiré l’attention des employés (qui manifestement ne lisaient plus depuis longtemps le cahier de doléances), l’information se répand rapidement dans le magasin. Et l’hôtesse d’accueil d’interpeller l’employée fruits et légumes qui retournait ses endives : « Eh, dis donc, tu sais pas ?… Y’a un client qui dit que tu vends pas tes citrons assez cher !, t’y crois toi ? ». A peine crédible effectivement !
NB : d’un autre côté, pour ceux qui connaissent Lille et sa région, on peut aussi douter de la capacité des consommateurs de Marcq en Baroeul de porter un jugement très étayé sur les prix… Surtout quand ils préconisent de remplacer le citron premier prix d’Espagne par « les citrons de Menton transformés en décor de carnaval » !
Si vous êtes venus dans le Match de Lille quartier Moulins, vous aurez pu constater l’état pitoyable de ce magasin (odeur nauséabonde, sièges troués, caisses sales, magasin sale…).
A deux pas, le marché plus s’est transformé en carrefour city et c’est le jour et la nuit…
Désormais, je sais où je mets mes pieds pour mes courses de quartier. Et beaucoup font comme moi !
Et vivement votre immersion dans le nord !
Bonjour
que faut il comprendre sur le message de fin doutant de la capacité des habitants du nord d’appréhender justement les prix??
Pouvez vous être plus précis..
j’apprécie la finesse de vos analyses mais jai des fois du mal a vous suivre
et je ne suis pas du nord…
Jean
Petit décodage donc sur le lien entre les prix et les habitants de Marcq en Baroeul. Pour faire simple : Marcq est l’une des villes les plus riches de France (en témoigne par exemple son nombre d’assujettis à l’ISF). Pour faire encore plus simple : Marcq est à Lille ce que Neuilly est à Paris. Il y a bien sûr des consommateurs modestes, mais la plupart ont un niveau de vie bien supérieur à la moyenne et donc un regard sur les prix un peu plus distancié…
Olivier Dauvers
Merci pour votre réponse M. DAUVERS, j’ignorais cette spécificité locale.
Quant au fond de la remarque de ce client, il est bien dommage que l’on ne la trouve pas plus souvent dans les cahiers de doléances des magasins implantées dans des zones moins “csp++”..
La lucidité des nantis rejoint donc les pages de l’huma…
merci une fois de plus pour vos articles et analyses.
PS: Pourriez vous expliquer si, STRUCTURELLEMENT, les acteurs indépendants peuvent pratiquer des prix plus bas que leurs concurrents intégrés?
En effet, ces derniers sont à la traine sur les indices de prix.
Quel est donc le miracle de LECLERC?
Exigence de rémunération des fonds propres moindre chez les adhérents?
je cherche une réponse.
cordialement
Jérome G.
Vaste question, à laquelle il est difficilement de répondre en ne pointant qu’un aspect.
1) oui, vous avez raison, le retour sur le capital investi est moins exigeant chez les indépendants que chez des intégrés, qui plus est côtés en bourse
2) l’exigence de rentabilité nette (pas tout à fait la même chose) est aussi en général plutôt moins vivace, bien qu’ils ne soient pas philantropes, évidemment !
3) ne pas oublier le coût-outil : les indépendants ont généralement des coûts-outils plus bas (en clair, le coût-outil est à la distribution ce que le coût de production est à l’industrie), probablement parce qu’ils gèrent “leurs” sous !
4) les frais de structures sont aussi moins élevés. Comparez l’armada Carrefour aux sièges de U et de Leclerc et vous aurez aussi une composante de la réponse
5) ceci indépendamment de la taille qui, dans le commerce, est quand même le premier facteur-clé de compétitivité prix
Olivier
Merci pour votre réponse.
-la rentabilité nette attendue par les groupes cotés serait ” plus vivace”…certes mais avec des parts de marchés sur le sol français qui s’érodent, le modèle économique n’est il pas menacé?
Cela dit , effectivement, les indépendants sont loins d’être des phylantropes. Figurent dans les plus grandes fortunes professionnelles françaises, selon le classement de Challenges, nombres de propriétaires de QUELQUES hyper Lelerc…Je trouve que la presse ne s’en est pas bcp fait lécho, venant de qqn qui affime partout être le défenseur des consomateurs français…
-Vous mentionnez également comme principal différence le cout-outil et les frais de structure.
Sur ce point, je vous fais totalement confiance..mais je n’ai jamais pu observer des gaspillages ou du sur-emploi dans certains hypers plus que dans d’autres..
allé, j’attends vos prochains articles pour vous questionner sur l’avenir de casino..
Un analyste qui avait anticipé les fusions sanofi aventis voyait, il y a quelques mois, un rapprochement possible de la maison de st étienne avec un grand acteur du nord de la france..
–