Ceux qui suivent attentivement ce blog ou les Tribune Grande Conso savent à quel point je suis critique sur la posture de l’Etat dans le conflit latent entre paysans et commerçants. Pour faire simple, l’Etat se veut à la fois arbitre et défenseur de l’opprimé (comprendre le paysan). Alors, qu’en fait, il est d’abord coupable. Coupable d’accepter des distorsions manifestes dans les conditions de production sans l’avouer ouvertement au monde agricole. En clair, la construction politique de l’Europe s’est réalisée en acceptant la libre circulation de marchandises aux coûts de revient fort éloignés. Exemple frappant avec les fraises. Il y a un mois, les barquettes de 500 de fraises rondes (la fraise standard) étaient dans toutes les enseignes au même niveau de prix promo : un euro, ou quelques centimes de moins avec un niveau de marge ridicule. Sa provenance ? L’Espagne. Un mois plus tard, les Espagnols n’inondent plus l’Europe de leurs fraises. Les producteurs français ont pris le relais. Et le même type de fraises, toujours en promo, est désormais à 1,99 euro. Du simple au double alors que la marge des enseignes est similaire. Une autre façon de voir le problème : la fraise espagnole coûte donc deux fois moins cher à produire. Simplement parce que 75 % du coût de revient d’une fraise réside dans la main d’œuvre de cueillette. Moins payée en Espagne et – ce qui améliore l’ordinaire des producteurs – pas toujours déclarée. Pas sûr que Carrefour ou Leclerc y soient pour quoi que ce soit… Mais qui l’explique aux paysans ?