Journée symbolique pour juger de la maturité du syndicalisme agricole. C’est l’opération “vente directe” de fruits et légumes organisée par le Modef place de la Bastille à Paris. Le Modef est certes un syndicat minoritaire (et très à gauche), l’opération n’en sera pas moins largement relayée par les médias car elle est spectaculaire. L’occasion d’évoquer dans les grands JT du soir les prix des fruits et légumes made in France. Des prix actuellement (et objectivement) trop bas comparés aux coûts de revient. Reste à établir les responsabilités… Longtemps, le syndicalisme paysan n’a voulu envisager que la responsabilité des acheteurs en centrales accusés, par leur pression insoutenable, d’étouffer les producteurs. Pas faux mais un peu court. Car les dits acheteurs ont d’extraordinaires alliés : les distorsions dans les conditions de production entre les pays. Et, là, la responsabilité est clairement établie : c’est la puissance publique, française et européenne. Dit encore plus directement : les ministres de l’agriculture qui se sont succédés depuis 20 ans (dont l’actuel titulaire, par principe) sont autrement plus responsables de la situation dénoncée aujourd’hui place de la Bastille que les acheteurs de Carrefour ou Leclerc. J’attends donc ce soir de voir si un syndicaliste le dira aussi simplement…