LES FAITS. Une seconde association de consommateurs (la Confédération Syndicale des Familles) vient de publier son estimation du coût de la rentrée. Son bilan : + 3,1 %. Une information reprise en boucle toute la journée.
A quelques jours de la rentrée des classes, toujours cette même interrogation dans les médias nationaux : quelle augmentation des prix ? Et il se trouve toujours une association de consommateurs pour publier un chiffre choc, donc largement relayé. Aujourd’hui, c’est la Confédération Syndicale des Familles (CSF) qui rend son verdict : + 3,1 %. Il y a quelques jours (car la concurrence règne aussi au sein du mouvement consumériste !), Familles de France avait publié son propre résultat : + 6,8 %. A chaque fois, les fournitures scolaires sont abondamment citées, la faute à cette satanée «hausse de la pâte à papier» ! Le résultat ? Une couverture média impressionnante… Et, étonnement peut-être, avec une rigueur toute relative. Jugez plutôt… Les méthodologies des deux associations se ressemblent dans leurs… approximations.
Des articles
pas forcément comparables
Pour Familles de France en effet, l’enquêteur relève «le prix de la référence correspondant au bon rapport qualité/prix, pour une durée d’utilisation d’au moins 1 an». Pour la CSF (et je cite toujours pour ne déformer en rien la méthodologie) : «Aucune consigne n’est donnée quant au choix des articles : pas forcément le plus cher ou le moins cher, mais celui que la personne aurait choisi en fonction de ses habitudes de consommation». A la suite de quoi le panier 2011 est comparé au panier 2010. Avec le risque évident que tous les articles d’une année ne soient pas comparables avec ceux de l’année précédente ! La sophistication de certains articles, le niveau d’exigence des parents (voire des enfants), ainsi qu’un enrichissement des listes rédigées par les professeurs pouvant largement impacter le résultat. En fait, si les études consuméristes ont le mérite d’estimer le coût de la rentrée à un instant donné, elles n’ont pas la rigueur pour en mesurer l’évolution d’une année sur l’autre. Mais peu importe en fait…
Les médias ont besoin d’une inflation spectaculaire pour conforter l’opinion ? Ca tombe bien ! Les enquêtes des associations de consommateurs donnent donc cette amère impression d’être là pour ça… Des résultats tels que plusieurs enseignes sont sorties de l’ombre, mais sans grand écho. Casino avance ainsi que le prix de ses essentiels a baissé de 16 %. Pas rien. Mais – c’est vrai – très partiel et portant sur des articles de piètre qualité (ce que dénoncent à juste titre les associations). Auchan s’est montré nettement plus complet. Sur l’ensemble du rayon papeterie, et en pondérant par les volumes, précise l’enseigne, les prix ont baissé de… 4,8 %.
Concours de circonstances, je me suis posé la même question il y a une dizaine de jours pour le magazine RENNES CONSO que j’édite sur Rennes (130 000 exemplaires mensuels depuis 2004). Sur les 150 produits communs en 2010 et 2011 sur les tracts de Carrefour, Leclerc et Super U (ces trois enseignes sont très présentes sur Rennes et représentent plus de la moitié de la surface commerciale, d’où le périmètre de l’étude), il est factuel que les prix n’ont pas augmenté. Ils ont même baissé ! De 1,7 % en moyenne. C’est sans doute modeste, mais bien réel. La base de l’étude est certes resserrée mais les articles ont ce premier mérite d’être… comparables ! L’exercice est d’ailleurs assez facile à faire pour peu d’archiver soigneusement les prospectus. Mais il est vain. Car malgré la baisse avérée de la papeterie (et je renvoie aux calculs d’Auchan) personne n’y croît. C’est le principe même d’une vérité qui dérange !
Olivier Dauvers
LES FAITS. Une seconde association de consommateurs (la Confédération Syndicale des Familles) vient de publier son estimation du coût de la rentrée. Son bilan : + 3,1 %. Une information reprise en boucle toute la journée.
A quelques jours de la rentrée des classes, toujours cette même interrogation dans les médias nationaux : quelle augmentation des prix ? Et il se trouve toujours une association de consommateurs pour publier un chiffre choc, donc largement relayé. Aujourd’hui, c’est la Confédération Syndicale des Familles (CSF) qui rend son verdict : + 3,1 %. Il y a quelques jours (car la concurrence règne aussi au sein du mouvement consumériste !), Familles de France avait publié son propre résultat : + 6,8 %. A chaque fois, les fournitures scolaires sont abondamment citées, la faute à cette satanée «hausse de la pâte à papier» ! Le résultat ? Une couverture média impressionnante… Et, étonnement peut-être, avec une rigueur toute relative. Jugez plutôt… Les méthodologies des deux associations se ressemblent dans leurs… approximations.
Pour Familles de France en effet, l’enquêteur relève «le prix de la référence correspondant au bon rapport qualité/prix, pour une durée d’utilisation d’au moins 1 an». Pour la CSF (et je cite toujours pour ne déformer en rien la méthodologie) : «Aucune consigne n’est donnée quant au choix des articles : pas forcément le plus cher ou le moins cher, mais celui que la personne aurait choisi en fonction de ses habitudes de consommation». A la suite de quoi le panier 2011 est comparé au panier 2010. Avec le risque évident que tous les articles d’une année ne soient pas comparables avec ceux de l’année précédente ! La sophistication de certains articles, le niveau d’exigence des parents (voire des enfants), ainsi qu’un enrichissement des listes rédigées par les professeurs pouvant largement impacter le résultat. En fait, si les études consuméristes ont le mérite d’estimer le coût de la rentrée à un instant donné, elles n’ont pas la rigueur pour en mesurer l’évolution d’une année sur l’autre. Mais peu importe en fait…
Les médias ont besoin d’une inflation spectaculaire pour conforter l’opinion ? Ca tombe bien ! Les enquêtes des associations de consommateurs donnent donc cette amère impression d’être là pour ça… Des résultats tels que plusieurs enseignes sont sorties de l’ombre, mais sans grand écho. Casino avance ainsi que le prix de ses essentiels a baissé de 16 %. Pas rien. Mais – c’est vrai – très partiel et portant sur des articles de piètre qualité (ce que dénoncent à juste titre les associations). Auchan s’est montré nettement plus complet. Sur l’ensemble du rayon papeterie, et en pondérant par les volumes, précise l’enseigne, les prix ont baissé de… 4,8 %.
Concours de circonstances, je me suis posé la même question il y a une dizaine de jours pour le magazine RENNES CONSO que j’édite sur Rennes (130 000 exemplaires mensuels depuis 2004). Sur les 150 produits communs en 2010 et 2011 sur les tracts de Carrefour, Leclerc et Super U (ces trois enseignes sont très présentes sur Rennes et représentent plus de la moitié de la surface commerciale, d’où le périmètre de l’étude), il est factuel que les prix n’ont pas augmenté. Ils ont même baissé ! De 1,7 % en moyenne. C’est sans doute modeste, mais bien réel. La base de l’étude est certes resserrée mais les articles ont ce premier mérite d’être… comparables ! L’exercice est d’ailleurs assez facile à faire pour peu d’archiver soigneusement les prospectus. Mais il est vain. Car malgré la baisse avérée de la papeterie (et je renvoie aux calculs d’Auchan) personne n’y croît. C’est le principe même d’une vérité qui dérange !
Olivier Dauvers
PS : C’est aujourd’hui le 100e numéro de TRIBUNE GRANDE CONSO, une lettre d’opinion créée en octobre 2004 avec un seul objectif : partager un avis original (au premier sens du mot !) sur le commerce. Le tout sur une périodicité aléatoire seulement dictée par l’envie de partager un point de vue. Un point de vue parfois dur, impertinent, à contre-courant d’une pensée dominante ou simplement décalé. Mais toujours sans concession et avec argumentation : ce qui est sans doute le minimum aujourd’hui pour mériter votre attention ! Le hasard de l’actualité fait de ce 100e numéro une TRIBUNE GRANDE CONSO 100 % en ligne avec ces objectifs.