Papier sur Carrefour et l’arrivée (presque) annoncée de Georges Plassat, ce matin dans le Journal du Dimanche. Un papier bien “angulé” comme on dit dans le métier. Je l’avais d’ailleurs souligné à Bruna Basini (l’auteur de l’article) samedi lorsqu’elle m’a appelé pour évoquer le sujet. Depuis mercredi et “l’indiscrétion” de Linéaires.com, la question se pose souvent de savoir si Georges Plassat sera, le cas échéant, le “bon homme”. Mais il y a une seconde question bien plus ambitieuse : au-delà de la qualité de l’homme (que je confirme, ayant régulièrement eu l’occasion de le cotoyer ces 15 dernières années), le modèle Carrefour est-il encore sauvable ? Et si j’ai longuement conversé avec Bruna Basini hier, c’est bien parce que je trouve, qu’une fois passé l’effet de pré-annonce, elle pose la bonne question !
Ma vision est claire là-dessus. Alors, la citation qu’elle m’attribue ce matin dans le JDD est donc à la fois fidèle à ma pensée et très structurée : “Les grandes surfaces sont de moins en moins légitimes. Cela dit, Carrefour peut se débrouiller pour être le dernier à survivre“. Et c’est pour répondre aux quelques SMS reçus aujourd’hui que je voudrai y revenir. Oui, les grandes surfaces sont de moins en moins légitimes sur le marché. La décrue d’ensemble du non-al en hyper (certains s’en sortent mieux que d’autres mais la tendance est claire) en est l’illustration incontestable. Pourquoi ? Parce que le e-commerce l’est davantage. Et simplement parce que, souvent, il apporte davantage et, régulièrement, pour moins cher. L’histoire du commerce est à ce titre implacable ! Souvent, me baladant en hypers (ce qui m’arrive si souvent, mais ai-je besoin d’argumenter ?), je me pose au hasard dans un rayon non-alimentaire et je m’interroge : ce rayon-là existera-t-il toujours dans son ampleur dans 10 ans ? Faites cette expérience, en anticipant le comportement futur du client, autant qu’on puisse le prédire… Vous répondrez probablement comme moi à cette question. Et vous comprendrez alors la première partie de ma citation “les grandes surfaces sont de moins en moins légitimes“. Et j’ajoute d’ailleurs : l’hyper est déjà en bonne voie de disparition, dans le concept qui le définit historiquement : “tout sous le même toit”. Evidemment pas si on considère l’hyper uniquement comme une grande surface !
Seconde partie à présent : “Carrefour peut se débrouiller pour être le dernier à survivre“. Là, il faut accepter l’idée que le sujet dont nous parlons est vivant, mouvant, et que les dynamiques en question doivent se mesurer en longues années, peut-être en dizaine d’années. Souvenez-vous : les grands magasins ne sont pas passés du stade de forme de vente dominante du commerce français au début du 20e siècle à la marginalité commerciale en quelques saisons. Non ! En environ 50 ans… Donc le mouvement enclenché est long. Très long. Il y a donc à la fois des questions à se poser (cf partie 1 de ma citation) et des affaires à faire en attendant !. Et Carrefour est tout à fait fondé à escompter résister mieux que les autres. C’est donc le sens de la partie 2. Vous l’avez compris (et je réponds ainsi aux messages reçus), j’assume 100 % de la citation, aussi réductrice soit-elle.
L’analyse ne semble reposer que sur la présence du non alimentaire dans un hyper. Cela fait des années que les enseignes perdent de l’argent avec le non alimentaire, et qu’elles en gagnent avec le food et plus particulièrement avec le PGC dont le PLS. La question est donc de savoir si le E commerce peut apporter une réponse sur ces produits là ou si on se dirige vers des hypermarches sans non food
@Pierre
Je vous rejoins. On se dirige effectivement avec des hypers avec bcp moins de non-food (pour ne pas dire “sans”).
C’est précisément ce que je souligne. Mais, dans ce cas, on peut difficilement parler d’hyper…
Il est évident que le non al va s’effacer petit à petit des hypers, ce n’est pas pour rien que carrefour depuis plusieurs mois essaye ou essayait de louer ces espaces techniques ou culturels à des enseignes comme fnac ou feu Saturn.
Et comme dirait Sarko, il suffit de regarder le modèle allemand, où les différents marchés alimentaires et non al sont bien distincts. Cela permet en plus d’offrir aux clients une certaine cohérence produits ou politique commerciale.
En effet, comment expliquer à un client que l’on est à la fois le meilleur sur les fruits et légumes et le meilleur sur les tablettes PC… pas impossible mais très couteux en temps, en énergie et en personnels compétents!
En même temps, je n’ai jamais cru au concept Planet et je n’y crois toujours pas. Qui peut encore croire qu’on peut réaliser +18% sur 3 ans dans un hyper en France?
La meilleure preuve c’est que Lars n’a pas dit un mot au sujet de Planet il y a deux semaines lors de la présentation de ses voeux aux salariés de la DG
@ Pierre et Olivier.
Pour moi, Planet est une excellente façon de revisiter le non alimentaire, la gondole basse et la volonté de faire se rapprocher les produits comme ils s’utilisent chez soi rendent l’offre plus pratique et humaine. Mais, c’est plus loin encore qu’il faudrait aller – au delà du lien évident on-line off-line et de la virtualisation. Il manque juste un peu d’histoire et de vie. De moment de partage.
@jb, l’allemagne à donc beaucoup changée. Le non alimentaire y était prédominant. Savez-vous le quota de CA en non-al d’un hard discount ?
Le jour ou les prix sont passés d’un F à un €, et le jour ou ils redescendront à leur ancien et vrai niveau sont les deux jours les plus importants pour nous les consommateurs. Et oui, + 50% en un mois c’est possible.