Serge Papin, le U-en-chef, a donc repris la plume, deux ans après «Consommer moins, Consommer mieux » (ouvrage à deux voix avec Jean-Marie Pelt). Cette fois-ci, Serge Papin est seul et pas moins intéressant. Triplement intéressant même.
Intéressant déjà parce que derrière ce « nouveau pacte alimentaire » se cache un véritable plaidoyer pour le métier de commerçant en général et des coopératives de commerçants en particulier. Avec un éloge de l’entrepreneur indépendant : « La liberté de l’indépendance est la plus belle des valeurs de ce bas monde » (et comment… ;-). C’est certes hors-sujet rapport à la couverture mais pas inutile à rappeler.
Intéressant aussi par les idées que trace Serge Papin pour ce fameux « nouveau pacte ». Si les attendus du sujet sont déjà bien connus (et donc un brin fastidieux, par exemple sur « l’écart grandissant entre ce que la Terre peut fournir et ce que lui demandent les hommes, de plus en plus nombreux »), le reste est passionnant. Il y a par exemple ce ministère de l’alimentation qu’évoque Serge Papin. Sans le dire aussi directement, il suggère que ce ministre ait la tutelle sur l’agriculture, l’industrie (alimentaire) et la consommation. Ensuite, il y a cette volonté de crier urbi et orbi que « l’alimentaire est aujourd’hui beaucoup moins cher qu’on ne le dit ». Et qu’un poil de pédagogie (que les distributeurs pourraient s’attribuer) ne nuirait pas. « Ce qui coûte cher, c’est le prêt-à-manger », assure évidemment avec raison Serge Papin. Autre idée à populariser : « La modernité de demain ne saurait se résumer à la détention d’un téléphone portable. Il faut donc apprendre, pour les nouvelles générations, que se nourrir a un coût et que celui-ci n’est pas réductible jusqu’à remettre en cause la santé ». Si juste et si négligé…
Intéressant enfin parce que, l’air de rien, cet ouvrage participe au « positionnement sociétal » de Serge Papin et de U. A l’image de MEL pour Leclerc, Serge Papin a depuis longtemps compris qu’incarner l’enseigne dans l’opinion était un excellent service à rendre à ses troupes. Restait néanmoins à définir le périmètre d’expression. MEL ayant préempté depuis longtemps le « moins cher », il fallait autre chose. Le « mieux consommer » était parfait. D’abord parce que Serge Papin est globalement convaincant quand, même au hasard d’une « conversation de comptoir », il le défend. Ce qui sous-entend donc de solides convictions. Mais également parce que l’opinion est plus que jamais réceptive à ce thème (quand bien même, dans ses achats, le citoyen-consommateur n’a pas encore joint l’acte à la parole !). Ce Nouveau pacte alimentaire participera donc à la posture militante que se construit publicitairement Système U actuellement.