Le coup de pub du dimanche avec le nouvel essai de Serge Papin, le U-en-chef, à paraître jeudi : “Et maintenant on fait quoi ?“. Après “Consommer moins, Consommer mieux” en 2009 et “Pour un nouveau pacte alimentaire” en 2012, voici donc une nouvelle contribution, plus générale que strictement consumériste. Déjà, un bon point de principe : qu’il est heureux de voir un patron partager ses interrogations et convictions, en prenant le temps de leur développement. Certes, l’essai est court (135 pages, 3 à 4 heures de lecture seulement) mais le format permet une richesse d’argumentation bien supérieure aux interviews habituelles auxquelles répond fréquemment l’auteur.
Quelques lignes, plutôt en fin d’ouvrage, résument le questionnement quasi intime de Serge Papin : “Que mettre à la place de ce modèle devenu pour le moins discutable ? Une autre manière de faire. Une autre logique face à celle du “toujours plus” , face à la compétition entre les uns et les autres, à une vision de l’organisation qui ne connaît que les rapports entre dominants et dominés, face à un système qui néglige le potentiel de chacun au profit d’un formatage puis d’une sélection et d’une exclusion mis en place dès l’école”.
Parmi les problèmes pointés (dès les premières pages) : Google et son emprise sur le monde. Le monde en général, la consommation en particulier. “Sous couvert de libre-arbitre et d’aide à la recherche, théoriquement neutre, Google oriente voire contrôle les consommateurs dans leurs choix“. Puis, plus précis, Serge Papin décortique la machine Google : “Pour ce qui concerne les sites marchands, Google n’est donc plus un comparateur de prix neutre, mais bien une place d’enchères publicitaires. […] Sous couvert de service gratuit, Google coûte en fait très, très cher aux consommateurs“. Et le patron des U de raconter comment une enseigne d’optique en ligne se serait vue “déréférencer” de Google au motif qu’elle avait cessé d’annoncer (de manière payante donc) sur le site.
Autres sujets évoqués : la transmission du savoir entre générations (et la proposition d’un “mentorat” à la canadienne) ou encore le rôle et la responsabilité, visiblement mal assumée à ses yeux, de la presse. Une presse coupable “d’immédiateté” (c’est son terme) où “la réaction réduit le temps de la réflexion“. En cause notamment : le web, duquel Serge Papin attend bien davantage qu’une simple accélération du temps présent en proposant, à demi-mot, d’en faire l’outil d’une démocratie plus vivante via le vote électronique. Evidemment, Serge Papin revient aussi sur le “consommer mieux” et les dérives des prix bas : “Il nous appartient à tous, distributeurs, agriculteurs, transformateurs mais aussi aux clients, consommateurs et citoyens, de bâtir un nouveau pacte alimentaire reposant sur une économie collaborative plutôt que sur des rapports de force“. Voilà qui devrait rassurer les fournisseurs de Système U, inquiets depuis l’alliance avec Auchan 😉 Ironie, bien sûr, car c’est toujours, là, la difficulté de l’exercice : partager des convictions en prenant le risque que les actes économiques les contredisent ou affadissent. Pour autant, faut-il douter des convictions ? Pour connaître l’homme, la réponse est non. Faut-il prendre le temps de lire Serge Papin ? Ne serait-ce que pour encourager d’autres acteurs économiques de premier plan à faire de même, la réponse est oui.
PS : Serge, un détail… T’aurais quand même pu imposer dans ton contrat d’auteur que l’impression soit réalisée… en France.
Bonjour M.Papin ,
La question a ce poser , comment redevenir un consommateur libre ?
Ne mélangeaons pas tout… Avec la multiplication des comparateurs, les indices non partisans (DISTRIPRIX), les Drives, jamais le consommateur n’a eu eutant d’outils pour se forger une opinion…
Nous cédons aux pressions marketing car nous le voulons bien.
Aujourd’hui on achète une bouteille de Coca car notre pénom est écrit dessus.
Il a l’air sympa ce type, on doit même se fendre la poire avec lui, n’est-ce pas OD ?