Hier, c’était l’info du jour : le temps des courses. Repris en boucle jusqu’aux plateaux des JT. A l’origine de cet emballement sur le sujet, une étude de l’INSEE (téléchargeable ici) mettant en parallèle le mode de vie des Français en 1974 et en 2014 avec un focus tout particulier sur le temps des courses. Et cette conclusion en guise de titre : “toujours plus longues le samedi”. L’INSEE l’a même très sérieusement mesuré : 68 minutes en moyenne en 1974, 88 minutes 40 ans plus tard. Constat implacable ! Les Français prendraient donc leur temps pour les courses du samedi (vous savez, celles derrière un chariot dans les allées d’un hyper, comme l’auront compris beaucoup). Voilà qui vient donc bousculer toutes les certitudes habituelles, à la base de nombreuses théories de merchandising, selon lesquelles les clients passeraient de moins en moins de temps en magasins. Sous-entendu : il faut faciliter le choix, aider à la lecture de l’offre, fluidifier le parcours, etc. Faux, répond l’INSEE, ou plutôt tous ceux qui ont repris l’étude. Le client… flâne plus aujourd’hui qu’hier ! Mais (évidemment), il y a un… mais. L’INSEE a en fait mesuré le temps total (donc cumulé) des courses du samedi. En dernière page de l’étude, la définition : “Les courses comprennent principalement les produits du quotidien (alimentation, produits ménagers, journaux, tabac, etc.) mais également les achats de biens durables, vestimentaires ou de biens culturels”. En clair, ce temps additionne la fréquentation possible de nombreux magasins, forcément plus nombreux aujourd’hui qu’il y a 40 ans, ne serait-ce que par un phénomène naturel d’offre. L’étude mesure donc plus précisément le temps consacré à la consommation le samedi. Ce qui n’est finalement pas exactement la même chose que le temps des courses. En tous les cas tel que (encore une fois) beaucoup l’auront compris.
NB : d’ailleurs, en forçant le trait, 20 minutes de plus pour le shopping en 40 ans, alors que le parc commercial a au moins triplé, quadruplé, quintuplé, ça ne traduit pas vraiment un allongement du temps passé dans chaque magasin… Bien au contraire !
Pour bien comprendre et mieux comparer, est-ce qu’en 1974 les courses -alimentaires ou non- ne se faisaient-elles pas principalement auprès de commerces de proximité ? On allait chez le boucher, chez le maraîcher, le marchands de journaux etc etc, avec un temps non négligeable passé 1) à discuter avec chacun des protagonistes 2) à passer d’un magasin à l’autre.
L’exercice de comparaison est loin d’être évident !