LES FAITS. Le week-end dernier, des producteurs de porcs s’en sont pris aux parkings de quelques hypers Leclerc du Finistère et des Côtes d’Armor. Leur grief ? Le prix du porc.
Le cours du porc n’en finit pas de végéter sous le prix de revient. A Plérin, près de Saint-Brieuc, là où quotidiennement se confrontent l’offre et la demande pour établir le prix de marché, le cours se traîne à 1,23 € le kilo. Soit, selon les professionnels, environ 25 centimes en-deçà du prix de revient. Comme toujours, une même question : à qui la faute ?
Leclerc, U et Intermarché : les plus pro-actifs pour un affichage militant
En Bretagne, les producteurs (ou quelques-uns d’entre-eux) ont la réponse facile : le coupable, c’est Leclerc. Et, derechef, ils l’ont fait savoir. Ici en incendiant des abris à chariots, là en s’en prenant aux vitrines. Au-delà de Leclerc, c’est en fait la distribution qui est naturellement dans le viseur. Facile. Sans doute trop facile pour être complètement vrai. Surtout à l’heure où les enseignes multiplient les affichages en rayons pour aiguiller les consommateurs vers les produits français. Prenez cette affiche signée Super U, placardée dans de nombreux magasins bretons. D’évidence, ne pas suivre la promo nationale sur Le Bon Paris d’Herta a été plus que suggéré par les représentants des producteurs pour éviter tout débordement en magasins. Et les U locaux l’ont accepté. Comme Leclerc et Intermarché qui, sur ces affichages, sont les plus actives des enseignes.
Mais il en faudrait bien plus pour inverser l’aiguille du cadran de Plérin tant les raisons du mal sont profondes. Il y a certes l’embargo russe. Mais bien davantage les distorsions dans les conditions de production (abattage compris) entre pays. Le coût du travail détaché (ces bouchers roumains qui manient le couteau en Allemagne) n’est pas le moindre. Outre-Rhin, la mise en place d’un salaire minimum est un premier pas, mais bien insuffisant. A qui la faute donc ? Aux commerçants, aux industriels (qui, sous la contrainte des prix de revient, importent pour partie leur matière première) ou aux politiques successifs qui ont laissé s’instaurer ces distorsions ? Poser la question, c’est y répondre. Et tant pis si la réponse ne sied guère aux syndicalistes agricoles, instrumentalisés par leur tutelle.
Le traité transatlantique en rajoutera encore…
Bien malheureusement, le pire est à venir. Le traité transatlantique, en négociation, promet de nouveaux arrivages à bas prix marché. Le cochon américain serait actuellement environ 20 % moins cher à produire que son cousin breton. Et la traversée de l’Atlantique, congelé, n’effacera pas, loin s’en faut, le différentiel de compétitivité. Résultat : sous la pression de leurs clients, l’industrie, comme la restauration, ne pourront résister à passer commande à bon compte de cochons américains pour leurs préparations où le porc n’est qu’un minerai anonyme. Mais, avant ça, qui signera l’accord ouvrant les frontières européennes au porc made in US, endossant la responsabilité des malheurs à venir pour l’éleveur breton ? Les acteurs économiques ou les représentants politiques ?
Olivier Dauvers
Et si la crise du porc s’expliquait par une baisse sensible du nombre de consommateurs de viande de porc ? Question tabou et dérangeante car elle fait référence aux pratiques religieuses et à leurs communautés. Quand Dalil Bourbakeur réclame le doublement du nombre de mosquées à cause de l’afflux du nombre de pratiquants, doit-on encore rappeler que les musulmans ne veulent pas consommer de porc conformément à la sourate 5 dite de la Table au 3ème verset : “Il vous est interdit de consommer la bête morte, le sang, la viande de porc, (…)”
Il faut adapter l’offre à la demande. Ils n’ont qu’à produire du veau et du broutard. Ca fera du bien à l’environnement.
Il est vrai qu’il ne faut pas oublier en trame de fond la légère mais durable baisse de la consommation de viande chez nous, le fait que la demande de viande de porc est très sensible au prix… bref les restructurations du secteur ne sont pas finies…