Bon, je dois confesser avoir déjà lu la prochaine Tribune de l’Ania (et d’un nombre de patrons de l’agro-alimentaire encore à définir) sur les relations dans les filières alimentaires. Comment ? Parce que l’Ania cherche un maximum de signataires et diffuse donc le texte depuis quelques jours dans le cercle restreint des patrons de l’agro-alimentaire. Et comme j’en connais quelque uns, vous imaginez la suite… 😉
Cela dit, je ne vais pas non plus casser tout l’effet de la Tribune à venir en la publiant in extenso. Non, suis pas comme ça ;-). Mais juste vous en faire partager l’esprit et le ton… Ton qui est donné dès le titre : « La guerre des prix, cette grande imposture qui détruit l’avenir de la France » (visiblement, la sortie du patron de Nestlé France a libéré la parole !). C’est un peu « hard » mais, après tout, tous les avis sont légitimes, dès lors qu’ils sont argumentés. Sur ce point, c’est classique. L’Ania (qui est dans son rôle) reprend ses arguments habituels : « la concentration excessive des centrales d’achat [qui] met en péril l’équilibre même des relations commerciales », « les demandes de tarifs disproportionnées, jusqu’à – 18 % », « le droit de vie et de mort des centrales d’achat ». Etc. Nouveau, en revanche, l’Ania utilise à son profit le récent avis de l’Autorité de la Concurrence, évoquant que « l’instruction [a] permis de faire remonter l’existence de pratiques qui appellent à la vigilance ». Sur ces points, encore une fois, l’Ania est dans son rôle.
Sur son analyse macro-économique en revanche, c’est beaucoup plus discutable. Sur l’intérêt de la guerre des prix pour le client ? Le texte tranche : « Il est faux et illusoire de penser que cette guerre des prix améliorera significativement le pouvoir d’achat des gens. Ce mensonge hypocrite a assez duré ! ». MEL n’aura sans doute pas besoin du décodage mais c’est bien de lui dont le texte parle ! OK, le milliard d’euros de déflation est modeste lorsqu’il est divisé par le nombre de consommateurs. Mais est-il neutre ? J’ai quand même du mal à le croire… Que la guerre des prix fasse des ravages en amont, c’est entendable. Qu’un milliard « rendu » au client soit négligeable j’ai du mal à le croire… Surtout quand je vois le buzz – de la « une » des Echos jusqu’au JT de 20h de TF1 – que le book GRANDE CONSO 2015 d’IRI et Editions Dauvers a fait en début de semaine, précisément sur ce sujet du “milliard” d’euros.
Mais qui sait… Peut-être que le simple fait d’avoir partiellement éventé le texte le rendra plus mesuré sur ce point ?
La tribune de l’ANIA ressemble à une énième gesticulation. Il y a quand même de quoi s’inquiéter bien sûr, mais j’ai comme l’impression de voir nos chers politiques préfèrer s’étriper plutôt que s’accorder à construire ensemble.
En France on en est encore à la conception gentil/méchant.
Merci de changer de logiciel