Dans son édition de juillet, VIGIE GRANDE CONSO*, la veille mensuelle publiée par Editions Dauvers, s’est livré à une remise en perspective inédite du capital de Carrefour. Résultat : en 15 ans, le groupe a changé trois fois de mains !
Depuis son arrivée au capital de Carrefour il y a un peu plus d’un an, la famille Moulin, par ailleurs actionnaire de référence des Galeries Lafayette, n’en finit pas de se renforcer. A l’origine, en avril 2014, le holding Motier (qui concentre les intérêts de la famille) avait acquis 6,1 %, en profitant notamment du cash versé par… Casino pour le rachat de Monoprix !
Les mois ont passé et les Moulin sont désormais à la tête de 10,1 % du capital et ont profité de l’assemblée générale de Carrefour pour prendre deux sièges au conseil d’administration. De fait, voilà Philippe Houzé, héritier Moulin et patron des Galeries Lafayette, installé au rang de premier actionnaire de Carrefour.
En parallèle, le précédent bloc majoritaire a préparé sa sortie. L’an dernier en effet, Arnault et Colony ont dissout la structure Blue Colony qui portait leurs intérêts dans Carrefour. Désormais, chacun détient ses titres en direct et peut donc facilement sortir. Reste un obstacle néanmoins : accepter de prendre ses pertes ! Arnault et Colony sont « rentrés » en 2007 à plus de 50 € l’action. Elle n’en vaut aujourd’hui qu’à peine plus de 30 €. Et même si quelques rachats tactiques depuis 2007 ont permis de baisser le prix moyen d’acquisition, Arnault et Colony sont en perte sur le dossier Carrefour. D’autant plus si l’on intègre les années de capital immobilisé !
Globalement, en 15 ans, Carrefour a changé trois fois d’actionnaire principal. En 1999, avant la fusion avec Promodès, les familles des fondateurs (les Fournier et les Defforey) avaient encore la main sur le capital. Après la fusion (et la prise de contrôle par les actionnaires de Promodès, les Halley), les familles historiques n’ont plus agi de concert et ont disparu du capital identifié. Certains possèdent encore des actions Carrefour mais peuvent vendre (ou acheter) librement.
En 2007, après l’arrivée non-sollicitée de Blue Capital, ce sont les Halley qui ont, à leur tour, rompu les liens qui les unissaient entre-eux. De nombreux actionnaires familiaux ont alors cédé leurs titres.
Qu’en sera-t-il des prochaines années ? Les Moulin ont indiqué être là pour longtemps. Arnault et Colony ne disent… rien ! Quant à Abilio Diniz, l’ancien partenaire brésilien de Casino, il n’a jamais manqué d’ambitions. En avril, il a doublé sa participation dans Carrefour. Et le mois dernier, il s’est renforcé dans Carrefour Brésil, portant sa participation de 10 à 12 %. Pas sûr qu’il ait dit son dernier mot…
* plus d’infos sur VIGIE GRANDE CONSO, voire un prochain numéro gracieux, ici
Bonsoir Olivier,
excellent article. En tant qu’actionnaire (petit), ces diverses évolutions ne me posent pas de problème (quand un rentre, un autre sort) et ne veulent finalement pas dire grand chose. Ce qui m’intrigue plus est la personnalité très contrasté d’Abilio Diniz, plutôt anonyme en France et extrêmement controversé dans son pays (dernière affaire en date : http://www.lsa-conso.fr/soupcon-de-corruption-pour-abilio-diniz,215328).
J’ai peur que sa vision des choses ne collent pas avec celle du reste du CA. A suivre !