LES FAITS. La Loi EGA est discutée publiquement cette semaine à l’Assemblée Nationale.
Ils partirent plein d’espoirs et n’auront – hélas – que des regrets à nourrir. Car, au bout du compte (qui n’y est pas), la loi EGA n’aura que l’apparence de solutions. Parmi les mesures les plus visibles, le relèvement du seuil de revente de 10 % et l’encadrement des promotions, tant sur le niveau de discount que sur la part des ventes réalisée sous promo, constituent davantage une contrainte supplémentaire sur l’aval de la filière alimentaire qu’une avancée significative pour l’amont. Or, l’un des objectifs inititiaux des États Généraux était clairement une revalorisation du revenu agricole. Régulièrement interrogé sur le lien de cause à effet, Stéphane Travert, Ministre de l’Agriculture et grand ordonnateur des EGA, répond… “ruissellement”. Dit autrement, les marges nouvelles dont les enseignes vont disposer vont “ruisseler” jusqu’aux producteurs agricoles par une moindre négociation des prix d’achat. Quelle naïveté…
Les marges nouvelles seront réinvesties dans la compétitivité, pas dans les prix d’achat
La disposition “SRP + 10” gonflera certes les marges des commerçants. Mais elle seront en premier lieu réinvesties dans d’autres catégories de produits, MDD par exemple. Quant à la limitation des promos, nul doute que la générosité des programmes de fidélité prendra le relais.
Une nouvelle fois, le politique a pêché par méconnaissance de l’économie. Seule une modification volontaire de la demande finale (les achats des consommateurs) vers des produits agricoles made in France peut soutenir les cours. En ce sens, point de salut hors la transparence. Tout le reste n’est que vœu pieux. Mais encore faut-il assumer la visibilité de ladite transparence, faute de quoi elle n’aura aucun effet.
A date, l’affichage de l’origine des matières premières est une obligation pour les produits laitiers et carnés (merci Stéphane Le Foll). Mais sans contrainte de visibilité ou de clarté (la notion d’UE est bien trop englobante), l’origine est une information inefficace. A l’inverse, si elle est visible (et pour peu que les clients mettent leurs actes en adéquation avec leur parole en préférant les produits français), alors la matière première bleu-blanc-rouge sera un élément structurant de choix dont les industriels et les enseignes prendront acte. Eux-même modifieront leurs achats, privilégieront l’origine France, ce qui soutiendra mécaniquement les cours. C’est juste… de l’économie appliquée !
Il en va de même pour la guerre des prix. Rien, dans la loi, n’est de nature à envisager une paix, même armée. Car, là encore, le problème a été mal posé. L’affrontement actuel ne prend pas sa source dans la stratégie particulière de telle ou telle enseigne. Mais dans le diagnostic fait par tous : dans un marché en surcapacité commerciale (l’offre de mètres carrés alimentaires progresse plus rapidement que les achats des ménages), le prix est le déterminant majeur pour le client, en tous les cas pour les produits strictement comparables. Là encore, c’est de l’économie, pas de la politique.
Olivier Dauvers
Ceux qui disent marquer l’origine en marquant viandes origines UE et Hors UE se moquent clairement de nous. Le monde entier quoi…
Quel est le poids de la restauration collective dans l’économie des denrées alimentaires ? À mon humble avis, important, et hélas le consommateur n’a absolument aucun mot à dire concernant l’origine des ingrédients des plats qui lui sont servis.
tu as parfaitement raison Olivier, hélas… et le ruissellement vers l’amont me paraît un concept assez improbable