LES FAITS. Après quelques jours de tergiversations, les ordonnances “EGA” seront finalement présentées en Conseil des Ministres ce mercredi, pour une mise en œuvre séquencée du 1er janvier au 1er mars.
Les défenseurs des “ordonnances EGA” ont gagné la partie. Sauf revirement, elles seront bien demain au menu du Conseil des Ministres. La semaine dernière, Didier Guillaume, le Ministre de l’Agriculture, avait subitement semé la panique en repoussant l’échéance à 2019 (et en y ajoutant même, dans l’expression, une conviction très relative). Conséquence, c’est une véritable armée qui est montée au front dans l’instant pour réclamer que le processus des EGA aille jusqu’aux ordonnances promises. Toutes les organisations professionnelles (FNSEA, ANIA, ILEC, FCD, etc.) ont réagi, parfois vertement. Même Dominique Schelcher, U-en-chef, y est allé de son tweet. Le bonheur agricole en bandoulière, tous ont rappelé au Ministre qu’une promesse est une promesse. C’était… touchant d’amour paysan.
A l’impossible, les défenseurs des ordonnances sont tenus.
De fait, pour sauver les ordonnances de l’oubli, un même argument a tourné en boucle : seules les dispositions des ordonnances sont de nature à soutenir le revenu agricole. Pour autant, aucun des zélés défenseurs n’a encore avancé le quart d’un argument rationnel sur le lien de cause à effet. Mais retenons l’essentiel : au-delà du syndicalisme agricole dont c’est, par essence, la mission, industriels et distributeurs se considèrent donc, de facto, comme responsables du revenu agricole. Si tel est leur réel objectif, qu’ils acceptent un simple défi. Simpliste, diront même ceux que ces exercices de réflexion indisposent. Qu’importe ! L’essentiel est dans le principe… Et si, sur les matières premières agricoles les plus symboliques (le lait par exemple pour démarrer), industriels et enseignes s’engagaient à indiquer (fort visiblement naturellement) le prix payé au producteur… ? Par exemple le prix moyen de la dernière année complète. Accessoiremment, il serait enfin possible d’établir (ou non…) un lien entre prix du produit fini et prix matière, ce qui est quand même le point de départ du raisonnement défendant les ordonnances EGA. Sans doute serait-il aussi possible d’influencer sur la demande des consommateurs, seul mécanisme efficace pour réinjecter par l’aval la valeur perdue en amont de la chaîne alimentaire.
Les difficultés sont connues : calcul du prix, gestion des packs, mix produits différents selon les laiteries, cadre légal, etc. Elles sont réelles. Mais si l’objectif de tous est réellement le revenu agricole, alors ces difficultés seront surmontées. Si les déclarations d’amour en direction des paysans qu’il fallait lire en creux dans les communiqués des uns et des autres étaient sincères, alors, oui, il est permis d’espérer. Après tout, l’amour triomphe toujours, non ?
Olivier Dauvers
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Même là le débat est faussé de quel prix du lait parle t on, base taux butyrique volume du contrat. ..