100 millions d’euros ! C’est donc la somme mise sur la table par Leclerc (via des adhérents) pour les 6 premiers Géant cédés par Casino. Pour ce prix, Leclerc récupère environ 45 000 m2 de surface de vente, 150 millions d’euros de chiffre d’affaires et… 8 millions de pertes. Sauf pour ceux qui n’ont pas mis récemment le nez dans des valorisations d’affaires de distribution, c’est… hors de prix. Au moins en apparence ! Leclerc paye donc très exactement 67 % du chiffre d’affaires (murs inclus). Soit bien au-delà des critères désormais retenus (les prix ont réellement baissé depuis le pic atteint dans les années 2000, au cœur de l’ère Galland). A Rennes, par exemple, pour son hyper jaugeant 34 M€ de CA, Casino aurait ainsi préféré l’offre du Leclerc voisin (revoir ici) moyennant 22 millions à celle d’un associé U de l’agglomération à 17 millions. Ce qui forcément interroge : pourquoi donc Leclerc (et au-delà du cas de Rennes) a accepté de casser sa tirelire, dans de telles proportions ?
Première explication, une valeur d’acquisition s’apprécie toujours de deux manières : la valeur actuelle et la valeur future. En l’état, aucun des 6 Géant cédés ne peut justifier d’une grande valeur. Faible chiffre d’affaires, actifs souvent rincés et résultat négatif. La valeur actuelle n’est guère éloignée d’une poignée d’euros symboliques. Mais sous l’enseigne Leclerc (et avec la politique commerciale qui va avec), aucun doute, le chiffre d’affaires va décoller. De 6 172 € de CA par m2 sous Géant (source : Store Chart France / Ed. Dauvers), ces hypers doivent se rapprocher du rendement moyen Leclerc : 12 129 €. Et même en intégrant une décote liée à l’historique, Leclerc a en réalité acquis un CA théorique supérieur à 250 M€. Ce qui ramène le coût d’acquisition à 40 % du CA potentiel (et qui est déjà bien valorisé).
Seconde explication (et c’est l’habileté de Jean-Charles Naouri de vendre “à la découpe”) : Leclerc paye une “prime de défense de son patrimoine”. Localement, pour un adhérent, Géant est le meilleur concurrent en hyper car… le plus faible. N’importe quelle autre enseigne d’hyper affiche de meilleures performances, donc constitue une menace patrimoniale. Ce faisant, et en forçant à peine le trait, Casino contraint Leclerc à acheter. Toujours à Rennes, où quelques centaines de mètres à peine séparent les deux hypers, l’arrivée de Carrefour ou d’Auchan (scénario théorique !) aurait affaibli Leclerc. Tant en chiffre qu’en marge puisque la bataille serait autrement plus intense. Conséquence : Leclerc accepte de payer cette “prime de défense de patrimoine”. Logique.
Aussi explicable et expliquée soit cette valorisation des 6 Géant, le prix fait parfois tiquer, au sein même de Leclerc où plus d’un adhérent s’étonne (une fois passée la fierté d’être dans le camp des prédateurs of course !). Eu égard à l’évolution du commerce, au transfert off-line / on-line d’une partie croissante de la consommation non-al, du développement du drive, etc., est-ce vraiment protéger son patrimoine que d’empiler les mètres carrés commerciaux, surtout à ce niveau de prix ? Ceux qui ont signé répondent évidemment “oui”. Ceux qui s’apprêtent à le faire aussi. Mais la question n’en est pas moins légitime.. Et tant pis pour ceux que ça irrite 😉
Bonjour,
Habitant sur la zone de Bayonne, le Géant d’anglet est quasi vendu mais malgré le mega centre commercial BAB2 juste à côté et la cession d’une partie de la surface à Boulanger puis dernièrement à Action, un ami qui y travaille m’indiquait que le magasin remontait la pente car les gens ne vont plus au carrefour à côté car trop grand et le Géant est plus intéressant sur pas mal de produits. Leclerc a déjà 5 magasins (3 hypers et 2 express) dans un rayon de 10kms autour de ce géant, dont un express tout proche. Ce qui signifie pour la zone, 3 hypers carrefour, 2 carrefour market, 4 hypers Leclerc, 2 leclerc express, 3 lidl dont 2 à moins de 800m2, 3 leader price, 2 supers intermarché, 1 netto. Malgré ces enseignes diverses, la concurrence n’est pas très féroce, les prix sont élevés même chez Leclerc et les Carrefour ici sont réservés aux CSP+++. Pourtant à 30kms les hypers et supers frontaliers comme alcampo, mercadona, BM, eroski, dia et carrefour se livrent une guerre féroce au point que les magasins sont désuets car sans investissements depuis très longtemps pour garder les tarifs les plus bas possibles malgré une TVA plus élevée qu’en France. Le plus dingue c’est le chassé croisé du samedi quand dans les centres commerciaux français il y a une grande majorité d’espagnols à fort pouvoir d’achat (Ametzondo/ikea et BAB2) et en Espagne il y a les français à faible pouvoir d’achat venant de toute la région sud-Aquitaine pour faire le plein de tout… Un gros coup de pied côté français aurait été le bienvenu, mais Auchan, U, Cora ou Inter n’auraient pas fait mal à la concurrence vu que ce ne sont que des suiveurs…
Casi monopole de Leclerc sur Bayonne Anglet Biarritz si la vente de Geant est etablie il y aura 5 hyper leclerc sur 5kms.
Habitant le Morbihan les supermarchés casino sont mal acceptés , beaucoup trop cher pour la population qu’ils passent la main à d’autres marques
Il faut se rappeler que les cessions de ce type seront observées, de près, par l’ADLC (autorité de la concurrence). Ainsi, pour les zones à forte densité de Leclerc ou celles qui le deviendront, il n’est pas sûr que l’ADLC valide les cessions (pour contraindre Casino à vendre à des concurrents de Leclerc pour développer une “concurrence saine” plutôt qu’une forme de protectionnisme de zone de chalandise, pour les Leclerc qui rachètent).
Vive la concurrence….
Bonjour,
On assiste là à l’évidence à “un petit arrangement entre amis.
Le manque d’argent, et/ou de la frilosité de la part des autres concurrents,pour acheter ces magasins.
A travers son message, GD CONSEIL a remis un peu de sagesse et de réalité dans tout ça. Pas d’emballement, les plans sur la comète ont rarement aboutis.
Et les perspectives de la grande distribution telle qu’elle est actuellement sont plutôt morose. Leclerc fait (à travers ses adhérents, ce n’est pas lui qui injecte directement les fonds, donc pas de risque donc pour lui) un pari risqué sur l’avenir.