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Offre : jusqu’où s’engager ?

TGC 200 bis

LES FAITS.  Cette semaine, Carrefour propose à ses clients du raisin… péruvien. 3 € la barquette de 500 g, soit 6 € le kilo. Carrefour n’est en rien une exception. Depuis une dizaine d’années, les enseignes ont multiplié leurs offres de contre-saison sur le rayon fruits et légumes, posant au passage la question de la sincérité de leurs engagements pour une consommation plus… responsable.

Il y a un apparent paradoxe à dénicher du raisin sur les étals en mars. Ou des nectarines, des cerises, des abricots, etc. Autant de fruits dont la pleine saison de production est – en théorie du moins – quelques mois plus tard sur le calendrier. Par principe, contre-saison rime avec importation. Parfois même avec avion, ce qui agrave l’addition carbone et cultive plus encore le paradoxe : le consommateur, rebaptisé consomm’acteur, aurait-il donc laissé à l’entrée du magasin ses (nouvelles) convictions consuméristes ? Probablement. Car si Carrefour importe du raisin péruvien, c’est bien avec un raisonnable espoir de… le vendre. 

Jusqu’où supplanter le consommateur dans son libre arbitre ? 

Toutes les enseignes ont bien intégré qu’elles avaient un rôle dans la “transition alimentaire” qui s’impose, eu égard à l’importance des enjeux, qu’il s’agisse de santé publique ou d’environnement. Par principe, les politiques marchandises des commerçants influencent à la fois la consommation et la production. Mais reste à savoir… jusqu’où ?

Jusqu’où s’engager ? Jusqu’où supplanter le consommateur dans son libre-arbitre responsable (ou pas) ? Jusqu’où pousser le militantisme ? Jusqu’à la radicalité dans la constructin de l’offre ? “Oui”, répond Biocoop qui bannit par exemple l’avion dans ses “appros”. Mais Biocoop est encore une exception. Comme tous les autres ou presque (et malgré Act for Food), Carrefour demeure dans un entre-deux. Ni coupable (il n’y a pas de vérité sur le sujet), ni louable. Les offres de contre-saison, comme ce raisin péruvien, sont ainsi exclues du rayon bio, mais bien présentes sur les étals classiques. Incohérent, au moins en apparence. Qu’en déduire ? Que Carrefour, comme tous, est aussi engagé dans sa propre transition. Hier, banal négociant de produits ; demain, sélectionneur et bâtisseur d’une offre qui devra être le reflet de sa mission. Ce qui imposera  davantage de radicalité ET de pédagogie. De fait, la seule question n’est pas tant jusqu’où aller ? Mais à quelle vitesse adopter des postures radicales ? Assez vite pour être crédible, mais… avec mesure pour ne pas être le pionnier parti trop tôt, trop loin !   

Olivier Dauvers

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3 commentaires

  1. Allez faire un tour du côté des étales des marchés ambulants et cherchez l’origine France… C’est pire! et encore… quand c’est affiché car c’est pas le cas partout non plus. Au moins dans la GD c’est affiché et c’est au client de faire son propre choix.

  2. Bonjour,
    On ne peut pas prôner le Act for food, le manger bien, le manger français, le manger bio en proposant en magasin venant des entrepôts Carrefour du : Raisin, des cerises, des melons et tout ce qui peut être de contre saison.
    Il faut faire des choix en haut et les appliquer en bas, mais si ces produits se retrouvent en magasin c’est qu’ils se vendent et qu’il y a des acheteurs … à qui la faute ?

  3. Autre vision de la chose: peut être une bonne idée d’acheter à ce paysan bolivien son raisin. Il le cueille à la bonne saison pour lui, et tire un revenu qui lui permet de vivre et de rester sur sa terre. Ce faisant, il n’émigre pas vers la capitale à la recherche d’un travail hypothétique et de conditions de vie épouvantables dans un bidonville. Et si ce paysan habite un pays non loin de l’Europe, on pourrait aussi le retrouver sur un bateau tentant de traverser un bout de mer pour rejoindre notre “paradis”…Bien sur ce n’est pas logistiquement idéal, mais si nous regardons toute la photo???

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