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Et si un virus démontrait combien commerçants et paysans sont alliés…

TGC 201-2

LES FAITS.        Les enseignes se sont unaniment engagées à soutenir la production française de fruits et légumes. Au besoin en se privant d’importations pourtant considérées comme incontournables. C’est le cas cette semaine de la barquette 500 g de fraises d’Espagne, habituelle star des rayons à cette période de l’année. 

Autant le dire – et quitte à me fâcher durablement avec les paysans – je n’ai jamais vraiment compris l’alliance entre le syndicalisme agricole et le syndicalisme industriel. Hormis cogner de conserve sur un même ennemi (comprendre : le commerçant), quel intérêt commun agriculteurs et industriels ont-ils réellement ? La réalité est certes toujours plus nuancée mais quand même… : l’agriculteur, de son côté, espère tirer le meilleur prix possible de sa production, tandis que l’industriel, lui, recherchera à améliorer le coût de ses matières premières (comme d’ailleurs un paysan qui achète ses engrais via une “centrale d’achat”, sa coopérative !). D’ailleurs, c’est bien pour cette raison de coût matière qu’une part susbtantielle des approvisionnements des industriels français est réalisée à l’étranger : le porc de mon cassoulet arrive hélas d’Allemagne, la pomme de ma compote trop souvent de Pologne. 

Disparition de la fraise espagnole

Les commerçants ne sont pas davantage des enfants de chœur. Quelques décennies m’ont appris la distance à prendre avec les plus belles campagnes de pub des enseignes et à chercher la vérité en rayon. Et cette semaine est très instructive. Jamais je n’avais vu disparaître aussi rapidement les fraises d’Espagne des étals (il en reste ça et là mais, sauf exception, toutes les commandes ont été gelées). Ce qu’aucun distributeur n’était capable de faire seul (se priver d’un produit d’appel), l’union sacrée des enseignes – Covid oblige – est en train de le permettre. Ce qui, au passage, est doublement bénéfique : pour les fraisiculteurs français (ceux qui ont vendu à Intermarché les barquettes du jour à probablement 1,50 € départ ne s’en plaignent pas) et… les enseignes elles-mêmes. Pensez-vous donc… Que préfèrent les enseignes, si elles en ont le choix ? Vendre des fraises d’Espagne à 3 € le kilo ou des françaises à 7 € le kilo ? Voilà pourquoi, en réalité, les paysans français et les commerçants français ont des intérêts bien plus alignés qu’on ne le pense d’ordinaire. Et pour peu que les leaders paysans en acceptent le principe, ils serviraient bien mieux la cause de leurs troupes en “topant” avec les enseignes qu’en… les cognant.

Olivier Dauvers

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2 commentaires

  1. Ce serait bien que cet esprit d’union sacrée des enseignes fonctionne aussi entre les différents réseaux d’une même enseigne. Avec la fermeture des marchés de nombreux clients doivent se rabattre sur la proxi, que ce soit faute de voiture ou pour limiter leurs déplacements au strict nécessaire. Certes la structure des coûts n’est pas la même entre une supérette et un hyper, mais quand je vois le Carrefour City du coin qui vend la tomate grappe (française) à 6,90 euros le kilo et l’hypermarché Carrefour de la même ville à 2 kilomètres qui vend cette même tomate grappe (française) à 2,99 euros le kilo sur son drive, je me dis que je veux bien aider l’agriculture française mais pas à n’importe quel prix.

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