LES FAITS. Ce matin, Lidl devait ouvrir un nouveau magasin à Orgeval (Yvelines). Pour l’occasion, l’enseigne avait réservé à ses clients une promo choc : une console PS4 à 95 €, soit deux à trois fois moins que le prix “théorique”. A 8h30, ils étaient 400 clients à se presser devant les portes qui, finalement, n’ont pas été ouvertes. Par sécurité.
Dans la mémoire collective de la conso, il y avait ces clients qui en viennent aux mains pour les derniers pots de Nutella à – 70 % chez Intermarché. C’était il y a deux ans. Il y aura aussi désormais ce Lidl des Yvelines pris d’assaut pour des consoles PS4 à 95 € et empêché d’ouvrir. Et même si Lidl n’avait aucunement communiqué sur l’offre, les réseaux sociaux ont fait le reste. Dès hier soir, la bonne affaire était partout. Dès l’aube, trois heures avant l’ouverture, ils étaient là : ces clients par la bonne affaire alléchés. Et à 8h30, ils étaient 400. Peu importe s’il s’agissait de s’offrir une console (même ancienne) à vil prix ou d’organiser dans l’instant sa revente sur Le Bon Coin, tous n’avaient qu’un prix en tête : 95 €. Et pas un seul ne se souciait de… distanciation sanitaire !
L’attente sociale de prix bas est toujours là, c’est l’évidence
D’un côté, donc, 40 consoles. De l’autre, 400 affamés de prix bas. Le match était perdu d’avance et tout l’enjeu pour Lidl et les 70 gendarmes et policiers dépêchés à Orgeval était que les clients restent sur leur faim mais… dans le calme.
Qu’en retenir ? Que l’attente sociale de prix bas est toujours là ? Evidemment. En ce sens, rien n’a changé dans la France d’après. Parce que rien ne pouvait changer, sauf pour ceux chroniquant la conso par le prisme de leur conso et de leur situation. Ils imaginaient une France d’après si différente : recentrée sur l’essentiel (et donc pas sur la consommation à gogo), moins regardante sur le prix et davantage sur la valeur, patriote jusque dans ses achats, etc. Ils découvrent ce matin à Orgeval 400 clients prêts à forcer les portes d’un Lidl pour une console, au seul motif de son prix. Surtout, ils ne comprennent pas cette France-là. Et c’est probablement l’enseignement principal : dans le monde d’après, il y a plus que jamais deux France. Celle qui rêve aujourd’hui d’une console de jeux et qui rêvera demain d’une autre bonne affaire. Et celle qui la raille. “Désolant”, “affligeant”, “décadence”, autant de mots utilisés pour moquer “les 400”. N’en déplaise à la France d’en haut, la France d’en bas ne disparaîtra pas parce que la bien-pensance l’a décidé. Ces 400 – et les millions d’autres qu’ils représentent – sont la masse. Ceux dont le vouloir d’achat est décorrélé du pouvoir d’achat. Ceux qui seront – hélas – bien plus nombreux après qu’avant.
Olivier Dauvers
Bel exemple pour illustrer l’élasticité de la demande. Mais peut-on réellement parler de parler deux Frances ? Tout dépend du produit bradé. Et si Lidl avait fait de même avec le Ricard ou un grand cru ? Enfin, cela ressemble aux reportages sur les soldes que l’on voyait depuis des lustres.
Il n’y a pas 2 France mais DES France. Lire avec profit le livre de J Fourquet : l’Archipel français. Tout est dit…….
Pardons, mais on nous bassine avec cette console et ce modeste discounter allemand. La vie va reprendre son fil habituel. Chacun regagne son magasin habituel. Et Lidl n’en sors pas grandit. De voir que 70 gendarmes sont mobilises et payes par le contribuable, suite à la mauvaise gestion de l’enseigne, me donne la gerbe. Bonne journée a toutes et tous
Ce que l’on constate surtout, c’est que notre pays n’a jamais été autant divisé que maintenant