LES FAITS. Sous l’effet de l’accroissement des capacités de production en Chine et du transport par bateau, le prix de gros des masques chirurgicaux s’est effondré. Dans le même temps, les enseignes se lancent dans une bataille de prix qui était prévisible. Pour certaines, les masques encore en stock ont donc été achetés bien plus cher que le prix actuel de revente. Un casse-tête.
L’histoire était écrite. Le prix des masques ne pouvait que baisser et, surtout, faire l’objet d’une âpre bataille entre enseignes. Résultat, la déflation se mesure… à l’œil nu ! 26,15 € en moyenne pour une boîte de 50 mercredi dernier (selon les calculs exclusifs A3 Distrib et Ed. Dauvers), 25,95 € jeudi, 25,89 € vendredi et enfin 25,81 € samedi. Certes, il ne s’agit que d’une vision par le prisme des sites drives. Certes… Mais plus de 2 000 points de vente quand même, ce qui donne à l’évolution observée une robustesse incontestable.
10 millions de masques en stock, 2 millions de pertes
Comme toujours, derrière la moyenne, d’incroyables écarts. Une boîte de 50 masques chirurgicaux à moins de 10 € ? C’est possible ! Passez donc par Leclerc Plouguernevel dans les Côtes d’Armor (9,90 €) ou Super U Langeac dans la Loire (9,95 €). Sans compter Action ou encore Amazon, à condition dans ce cas d’être patient.
Le masque deviendrait-il un produit d’appel ? D’évidence oui. Il en avait toutes les caractéristiques. Un produit “contraint” et cher à l’usage. Quelle part des consommateurs pouvait vraiment considérer comme indolore l’achat d’une boîte à près de 30 € ? Infime. A bien des égards (la contrainte et le prix), le masque ressemble fort au carburant pour l’automobiliste. Pas étonnant dès lors que les enseignes s’en emparent. Carrefour par exemple qui a fixé un prix national à 19,50 €, alors que nombre d’enseignes sont toujours bien au-dessus : 25 € chez Auchan, 25,90 € chez Cora, 26 € chez Casino, entre autres. Et les prix baisseront encore puisque les masques se négocient actuellement sans difficulté à 15 centimes (ou moins).
Pour tous ceux dont les entrepôts sont encore pleins de masques commandés en mai (donc à environ 50 centimes la pièce), un cruel dilemme : passer pour un voleur en pratiquant un prix lié au véritable coût de revient ou perdre sa chemise en s’alignant sur le prix de marché (et en vendant à perte, donc hors la loi…).
Le calcul est rapide. Pour chaque tranche de 10 millions d’unités en stock, la revente à 30 centimes génère donc 2 M€ de pertes. Bien sûr, les masques achetés plein tarif pourront être conservés pour le personnel pour… masquer la perte. Il n’empêche, la course puérile à laquelle se livraient les enseignes en mai pour annoncer la commande la plus imposante va désormais se payer. Et cher.
Olivier Dauvers
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Certains magasins ont opté pour une voie médiane : un prix de base élevé (20 ou 25 euros) mais un avantage carte pour s’aligner sur la concurrence, au moins indirectement.
Perdre sa chemise : si cela t’arrive tu devrais la retrouver assez facilement…
J’adore la remarque ! Très bon !!!
Bonjour,
“Pour tous ceux dont les entrepôts sont encore pleins de masques commandés en mai (donc à environ 50 centimes la pièce)” — 50 cts c’était souvent le prix de vente (ou presque) — qui croira que les enseignes ont vendu dès le début à prix coutant ??