Petit à petit, la préparation des commandes drive en magasin perd du terrain. Et c’est finalement logique tant, sauf exception (par exemple des supermarchés de moins de 1 000 / 1 200 m2), la productivité du store picking condamne à l’avance toute rentabilité du drive. Pour comprendre le mouvement qui est à l’œuvre, il faut revenir aux origines du drive. Schématiquement, le “monde du drive” se scindait alors en deux… D’un côté, ceux qui avaient les moyens (ou qui se les donnaient) de construire des entrepôts : Chronodrive, Auchan et Leclerc. Et les autres qui, faute de moyens (ou faute de se les donner), se rabattaient sur la préparation en magasin, poussant parfois le bouchon jusqu’à l’habiller de solides convictions pour justifier ce choix… par défaut.
Je l’ai souvent écrit, et comme je peux me prévaloir d’une certaine expérience en la matière (éprouvée en travaillant en drive), je recommence : il y a un fossé abyssal entre les deux modèles. Pour faire simple : au mieux, 100 articles préparés à l’heure en magasin ; au pire 200 articles à l’heure en entrepôt. Et comme le personnel est payé à l’identique, les frais de perso varient (au moins) du simple au double. Et ce qui était supportable tant que le drive demeurait un micro marché devient insupportable au fur et à mesure du développement.
Logiquement, les enseignes migrent de la préparation en magasin à la préparation en entrepôt. Carrefour, le premier, a initié des plates-formes XXL à Lyon et Paris. En parallèle, l’enseigne a dédié des zones entrepôts dans les réserves de ses hypers. Intermarché est en train de suivre. En… 2013 (ici), j’avais déjà partagé une première réflexion avec quelques “pontes” du groupement. Trop tôt. L’an dernier, tout s’est (enfin) accéléré et Les Mousquetaires ont imaginé un schéma de drive mutualisé baptisé Star Drive : un premier entrepôt a ouvert en début d’été à Ivry ; un second (mécanisé) se rôde actuellement à Neuilly sur Marne. Les deux doivent approvisionner les Intermarché de Paris et de la proche périphérie. Enfin, dernier revirement en date : Casino. Depuis l’an dernier, le groupe teste un modèle de drive étoile à Lyon : le sous-sol d’un supermarché qui approvisionne une vingtaine de points de retrait. Et, selon mes informations, Casino avance vers un déploiement de ce modèle. Ce qui revient donc à dire que, peu à peu, le store picking prend la voie de n’être plus qu’un souvenir.
Nous avions modélisé les deux options il y a quinze ans chez Auchan : écart de 1 à 2 sur un petit super, de 1 à 4 voire 5 sur un hyper. Avec pour corollaires un taux de rupture très supérieur et non maîtrisé et une gêne significative pour les clients dès que le taux de tickets de caisse « drive » dépasse les 3-4%.
Le store picking n’a t’il pas quand même du sens lorsque l’on veut mettre des produits d’atelier dans le coffre de nos clients… Une bonne baguette, un bon gâteau, une belle découpe de viande faite par le boucher, etc… Etc… Je crois qu’on ne peut pas raisonner toujours autour du PGC sauf à ne pas vouloir avoir une offre unique et omnicanale.
Vendre du trad en drive est pour moi un non sens. Autant fermer les magasins ça ira plus vite. Un drive ne reste pas rentable VS un magasin. Le drive doit rester une solution de praticité pour les clients, sur des produits LS et encombrants mais pas sur les rayons trad qui restent encore attractifs pour les clients voulant se faire plaisir.
Cela reste bien évidement mon avis mais je ne pense pas être dans le faux pour autant.
Forcément : d’un coté dans le magasin, les articles dont placés et présentés pour avoir le plus de vente et de marge possible alors que dans le drive les articles sont placés et rangés pour être collectés le plus vite possible