LES FAITS. Lactalis avait saisi le Conseil d’État pour “casser” l’obligation d’afficher l’origine du lait sur ses produits, suivant en ce sens le droit européen. Sans surprise, la plus haute juridiction administrative française a suivi “le laitier”. Depuis, le Ministre (de l’Agriculture, Julien Denormandie) traîne sa consternation du Parlement aux plateaux télé.
A l’Assemblée Nationale, répondant à un député, les bras lui en sont tombés une première fois. Hier encore, sur le plateau de PublicSénat, bis repetita. “Qu’une entreprise puisse demander que l’origine des produits ne soit plus indiquée, les bras m’en tombent”. Lui ? Julien Denormandie, Ministre de l’Agriculture. L’entreprise ? Lactalis, numéro 1 mondial (et donc français) des produits laitiers. Le Ministre et le laitier…, chacun (légitimement) dans son rôle.
L’origine, un puissant levier pour soutenir la ferme France
Comme beaucoup d’industriels, Lactalis voit toute obligation d’affichage de l’origine de ses matières premières comme une contrainte. Totalement entendable vu par le prisme de l’intérêt de l’entreprise. D’ailleurs, il y a 18 mois, Lactalis avait refusé de s’associer au manifeste “Balance Ton Origine” alors que Bel, Materne, LDC (et la totalité des enseignes) s’étaient engagés.
Si les bras lui en tombent, c’est bien que le Ministre est naïf. L’intérêt de Lactalis comme le droit européen allaient de pair. Rien d’étonnant qu’ils se rejoignent.
Après avoir perdu ses bras, Julien Denormandie va donc devoir…se retrousser les manches. Au-delà de la difficulté symbolique, c’est un obstacle quasi infranchissable par le droit. Sur l’origine, un pays de l’UE, pris isolément des 27 autres, ne peut adopter des règles spécifiques. Tabou ! Voilà pourquoi le Conseil d’État ne pouvait que suivre Lactalis.
L’indication de l’origine est pourtant un puissant levier de soutien de la Ferme France. Seule la transparence de l’origine des matières premières permet d’appréhender la valeur sociale d’un produit fini, indépendamment de sa valeur gustative ou nutritionnelle. Pour flécher les achats des Français vers la Ferme France, il faut assumer cette transparence explicite. Que le poulet soit polonais, belge ou français, le consommateur doit le savoir. Et ainsi, s’il le peut et s’il le veut, donner un sens à son achat.
Faute de l’obtenir à Bruxelles, le Ministre doit l’arracher à Paris. Par exemple en convoquant la fine fleur des industriels et en expliquant qu’un engagement volontaire et collectif serait apprécié de l’État. Et qu’il se chargerait de pointer publiquement les récalcitrants. En son temps, un Ministre de l’Économie avait ainsi joué du bâton face aux marques et aux enseignes. C’était en 2004, il s’agissait de faire baisser les prix. C’est donc possible !
Olivier Dauvers
Malheureusement nos politiques actuels sans c…… auront vite choisit leur camp.
Il est plus rentable (et facile) à long terme pour leur plan de carrière de taper sur la GD toute enseigne confondue plutôt que s’en prendre à un groupe industriel dont les membres des conseils d’admnistration sauront leur renvoyer l’ascenceur lorsque leur mandat gouvernemental aura pris fin.
Cela fait bien longtemps qu’ils ne gerent pas la ferme france mais seulement leur plan de carrière.
On finirait presque par envier les anglais et leur brexit…ils sont libres, mais ceci est un autre débat.
Question : pourquoi est-ce que l’origine est toujours indiquée sur les fruits et légumes en libre service ? Obligation légale ou non ? Si oui, quel argument pour justifier que la provenance puisse “changer la qualité du produit” sur des fruits et légumes mais pas sur le lait ?
Incroyable… donc quand ça les arrange (couche tard), ils font réel blocage
et là ils ne peuvent rien faire là dessus… Pathétique
Qu’en pense Mme Lambert de la Fnsea, toujours prompte à taper sur la GD mais muette vs les industriels ?
Comme l’origine est essentiellement une préoccupation pour le client final et peut être moins pour l’exploitant laitier qui, lui, se soucie surtout du prix qu’on lui paie, c’est moins grave et donc “circulez, y a rien à dire !”
Cette décision est en effet conforme au droit européen qui a pour objet d’unifier les règles pour faciliter la libre circulation des marchandises (et la communication qui y est attachée).
La jurisprudence de la CJUE permet d’empêcher les états de mettre des barrières nationales au sein de l’UE.
il ne faut pas oublier que le pendant, c’est la possibilité de vendre sans contrainte dans les autres pays de l’UE.
une jurisprudence qui a permis de nettoyer notre code de la consommation en matière de promotion des ventes.
L’idée d’un engagement volontaire et collectif des acteurs majeurs de l’industrie laitière est à pousser.
Quitte à stigmatiser les vilains GROS canards comme Lactalis s’ils ne jouent pas le jeu.
A quand une cocarde Bleu-Blanc-Rouge pour les produits laitiers 100% français plus visible que le petit logo Syndilait qui ne concerne que les laits de conso. ?