Carrefour a publié tôt ce matin ses performances pour le T1. Bulletin de notes plus qu’honorable. Quasi flatteur même si l’on regarde la France. Avec 3,5 % de croissance en comparable, c’est environ deux fois mieux que le marché tel que mesuré par Nielsen (+ 1,4 %). Les deux périmètres ne sont pas exactement les mêmes certes, il n’empêche, l’écart est net entre Carrefour et son marché de référence. Autre nuance à apporter : Carrefour, comme ses concurrents hypers, a profité de la fermeture de certaines grandes surfaces spécialisées. D’ailleurs, le CA non-alimentaire s’envole : + 13 %. Mais l’alimentaire est très nettement en croissance aussi : 2,3 % (toujours en comparable) vs +0,7 % pour le marché selon Nielsen. Dans le détail des circuits, les hypers progressent de 3,3 %, les supers de 7 % tandis que la proxi recule de 2,7 % (mais le T1 2020 avait été exceptionnel avec + 11 %).
Pour ceux qui suivent le blog et connaissent ma proximité de vision avec Rami Baitiéh sur le Penser-Client, vous ne serez pas surpris que… je ne le sois pas (surpris). Je renvoie à ce post d’octobre dernier très sobrement intitulé… “Carrefour : pourquoi Rami va réussir” ;-). Car je maintiens : dès lors qu’un commerçant pense (sérieusement) à ses clients (et pas uniquement dans des powerpoint baptisés customercentric), alors le client pense à lui. Carrefour était une terre d’irritants clients. Rami a entrepris de les chasser, ce qui, mécaniquement accroit le taux de transformation en magasins. Pour avoir récemment vécu de l’intérieur le projet TOP (en qualité d’employé libre-service à Villabé), je peux témoigner de l’effet. Baisser les ruptures (la cible est désormais à 250 produits, soit une division par 4 pour certains magasins) et améliorer la conformité prix étaient un passage obligé dont les effets devaient se voir. Ils se voient donc dans les chiffres d’affaires. Désormais, il y a encore plus ambitieux à faire : que les équipes magasin (de l’ELS au DM) regardent VRAIMENT leur outil avec des yeux de clients. C’est toute la différence entre les méthodes et les process (le projet TOP) et la culture. Les méthodes et les process sont nécessaires, c’est l’évidence. Mais pas suffisant, c’est ma conviction. Le prochain chantier de Rami est là.
Et pour les curieux, le détail des perf’s de Carrefour au T1 sont en libre-téléchargement ici >>
Belle perf en effet.
Je suis agréablement surpris de la résistance des hypers dans un contexte où les grands centres commerciaux ont été fermés pendant une bonne partie du T1 (ce qui impacte mécaniquement le trafic), et encore plus de la croissance des supers par rapport à une base de comparaison déjà élevée en 2020. Et ce d’autant que le réseau Carrefour Market reste très disparate et qu’il doit être compliqué d’imposer aux franchisés la bonne exécution érigée en priorité par le patron France.
J’ai hâte de voir la suite lorsque les restrictions sanitaires seront allégées puis levées.
Belle performance…qui dénote parfois avec la situation déplorable de certains magasins où le manque de personnel pour remplir est criant. Entre la démotivation du personnel, certaines catégories jugées moins essentielles qui se concrétisent par des rayons vides, la satisfaction client n’est pas toujours la première chose qui me vienne à l’esprit quand je visite ces magasins où parfois le projet top est mis en place depuis 4 à 6 mois.
Je souhaite vraiment qu’un fleuron comme Carrefour reprenne du poil de la bête, mais parfois je ne reconnais plus la qualité de suivi alors que le projet devait l’améliorer.
Ayé, le train Carrefour semble remis sur de bon rails. Mais le plus facile n’est il pas entrain de se faire en revoyant les process et surtout en combattant les ruptures ? Souvent il faut juste savoir “se baisser pour ramasser du chiffre”… Visiblement, d’après Hervé, il y a encore de la progression “mécanique” à faire dans certains magasins, donc pas de quoi se gargariser encore.. .Puis, sur la durée, ce sera plus compliqué. Et là, je pense que c’est le management qui fera la différence : les patrons de magasins, de région, R. Baitieh lui même, sont ils des gens passionnés, enthousiastes et qui aiment les Hommes, donc des motivateurs et ce sera gagnant sur la durée ou bien sont ils des “techniciens du management et du commerce”, soucieux de l’application des process et hantés par l’évolution du NPS (la satisfaction client) auquel cas la progression sera irrégulière..
On verra au bout d’une année…
Olivier,
Comme je ne partage pas ton avis sur le redressement de Carrefour via l’arrivée du messie Rami, j’aurais bien aimé avoir en comparaison la performance de Carrefour N-1. Et bien entendu la progression du marché N-1 également.
Juste pour voir si ce +3.5% n’est pas un simple rattrapage d’un historique moins favorable.
Bon par contre, ça va être encore plus compliqué pour ne pas lacher du lest aux syndicats avec de telles progressions! :-))))
Je m’auto réponds.
Sur le T1 2020, l’enseigne était déjà à +4.3% MAIS les hypers seulement à 0.9% et nettement en dessous du marché. Ce sont les supermarchés Carrefour qui contribuent à la plus grosse progression + 8%.
En 2021, je persiste et signe donc que point d’effet Rami, c’est seulement le fait que les hypers ont récupéré de la progression via un meilleur trafic pour les hypers et un non alimentaire moins boudé que l’an passé.
Ben moi, je persiste et signe aussi (c’est bon la diversité d’avis). Sur l’alimentaire au T1 (pour gommer l’effet du non-al, comme ça ça évite d’être taxé de présenter trop favorablement !) : Carrefour en France + 2,3 %, Marché français + 0,7 %. Je ne sais pas ce qu’il te faut. C’est pas un effet Rami, c’est un effet “chasse aux irritants”. Or il se trouve que c’est lui qui a ouvert la chasse. Ensuite, chacun voit comme il veut pour la personnalisation. Mais bien sûr que si il y a un effet commercial qui se voit. C’est ainsi.
J’adore la diversité d’avis, c’est d’ailleurs pour cela que je parcours ce blog!
Je me permets de préciser que d’une part le comparable n-1 est favorable à Carrefour (l’enseigne était à la traine notamment sur le drive) et d’autre part la progression de Carrefour se fait encore fortement sur les petits formats pour lesquels ça m’étonnerait que les franchisés market aient changé quoi que ce soit à leur méthode. Ce n’est pas chez eux par exemple que l’on va trouver le directeur effectuer des permanences clients sur la surface ou à l’accueil!
Néanmoins, il est vrai que si Carrefour a compris qu’il est utile de remplir les rayons pour faire du CA, cela peut être un gros irritant en moins pour ses clients. Tu as donc raison, il y a un effet commercial qui se perçoit.
Je précise que les HM sont aussi nettement au-dessus du marché en alimentaire (pas que les petits formats) : +1,7 vs 0,7. C’est pas neutre.
le potentiel de carrouf en France est en fait énorme si les rénovations deviennent un axe stratégique PRIORITAIRE, par simple respect du client abasourdi par des LECLERC vieux de 50 ans , mais flambants neufs(ici 56 millions d’euros investis)Le quart d’heure d’avance est si loin, un simple ratrappage de 20 ans reste a faire…PS: ou est passé le 1.5 milliard de la vente de la chine?
C’est toujours tellement étonnant de voir que ces groupes doivent revenir sempiternellement aux sources du commerce… “parler client” , comme si un autre langage pouvait exister dans un commerce car , rappelons le , Carrefour , si grand et tentaculaire soit il , n’en est pas moins un commerce .
https://je-suis-commercant.fr/methode-soncas/