Cette semaine, Auchan remet “en haut de la pile” le sujet du double affichage des fruits et légumes à l’occasion d’une opération sur les fraises francaises. Vendues 3,29 € les 500 g et achetées 2,84 €. Et se repose la question de la pertinence de cette démarche de transparence. Faut-il l’encourager ? Mon avis, forgé depuis longtemps, est clair. C’est oui ! Bien sûr, j’entends les arguments contraires (et les respecte, comme tout avis différent du mien par principe) : que vaut la transparence sur un produit et l’opacité sur tous les autres ?; le prix payé au “partenaire” est-il le prix payé au “producteur” ou s’agit-il d’une coopérative, d’un grossiste, etc. ?; n’est-ce pas, là, une atteinte au secret des affaires, l’enseigne A disposant des prix d’achat de l’enseigne B ?; de quel droit périmétrer la démarche aux seuls fruits et légumes ou produits frais et pas à l’ensemble de l’alimentaire ?; Bref, les raisons ne manquent pas. Toutes entendables.
Pour autant, je maintiens ma position (et l’assume totalement) : favorable au double affichage. Et, ce, pour deux raisons principales. D’abord, pour mettre un brin de rationnalité dans un sujet (les marges du rayon fruits et légumes) sur lequel les approximations sont trop nombreuses, et notamment de la part des procureurs habituels du commerce qui mélangent allègrement marge brute et marge nette ou qui structurent un raisonnement sur la foi d’un exemple, parfois totalement isolé, etc. En la matière, seule la transparence peut aider à une approche rationnelle (qui manque cruellement). Seconde raison : le consommateur, par chacune de ses décisions d’achat, a un rôle économique majeur, d’autant plus désormais que le sujet de la souveraineté économique a enfin percé dans le débat public. Par principe, la transparence des prix est gage d’une meilleure information, donc d’un choix plus éclairé du consommateur. Ou, tout simplement, d’une meilleure compréhension des enjeux, notamment de la compétitivité de la production made in France. Car cette affichage Auchan dit aussi qu’un producteur français doit donc vendre sa barquette à près de 3 € pour vivre… Une info tout sauf anodine.
On parle ici de plusieurs choses tout de même .
Education des clients , pourquoi pas, éveil des consciences , mouais…devant le choix et l’étiquette les mains vont elles se diriger sur la française uniquement parce qu’Auchan ou un autre aura bien voulu redorer son blason en proposant un double étiquetage choisi , marketé , orienté , .. ?
De plus un producteur français “doit” vendre sa barquette presque 3€ , ok dans ce cas la ou Auchan aura fait l’effort de bien rémunérer dans le but de créer cette affiche…
Le double étiquetage est une riche idée dont les déviances sont trop faciles à mettre en place et on ne peut pas vraiment demander aux inventeurs de la retro commission , de la location d’espace de vente interne , de la sanction fournisseur permanente et autres fabuleuses nouveautés de mettre en place un système vertueux résolument orienté vers le profit des producteurs.
Les producteurs quant à eux peuvent tout aussi bien s’allier de meilleur manière afin de bénéficier ,enfin , de la vraie pression qu’ils pourraient mettre sur les acheteurs de centrales sachant qu’en plus ils ont largement accès aux médias et aux politiques pour les appuyer.
Mon autre horreur est sur la liberté des prix . Après tout Mr Auchan ou autre Monoprix fait bien comme il veut en terme de marge , de vente , etc.. tout ceci est libre et s’auto flatter de réglementation interne est assez détestable; ..
Ici on ne parle surtout jamais de VALEUR …
La fraise française dans cet exemple peut se charger de valeur perçue quant elle veut en intégrant un peu de marketing au niveau des producteurs justement … c’est donc , au fond , plutôt de formation et de remise en question de filière dont il s’agit ..
C’est ce qui fait la différence entre un café à 1.20€ ici ou la et 2 café à 25€ au FLorian à Venise , voir ici : https://je-suis-commercant.fr/calculer-prix-vente/
Peut-être qu’il y en a aussi qui prennent les devants en affichant la TVA. Ou dit autrement avec les dettes-covid, les taux de TVA vont-ils être fortement augmentés ?
Et si le producteur partenaire du Leclerc de Poitiers n’a besoin que de 2.70 pour bien vivre ? Le client final pourra t il reprocher au partenaire d’Auchan de prendre une plus grosse marge ?
Non, perso, la démarche est louable mais malsaine, limite voyeuriste : tout voir, tout savoir, comparer, dénigrer…
Laissons chaque enseigne conclure les contrats adéquats avec leurs partenaires, et pratiquer le juste prix avec la marge adaptée. Et puis le client final décidera !
Les Forts affichent le juste prix, les Faibles ont toujours peur de ne pas être placés..
Argument totalement entendable !
9,4% de marge… quid du SRP+10% ? Par ailleurs est-ce que ce double affichage est généralisé sur le rayon FL? Car peu de produits doivent avoir un niveau de marge si faible…
Le SRP +10% est parfaitement appliqué … 0,29 € de marge / 2,84€ de prix d’achat HT
Effectivement, 10% de marge sur des FL c’est facile à communiquer (sachant que la marge moyenne du rayon doit plutôt être autour de 35%…)
Et est-ce que la prochaine étape va être la publication de la marge du producteur? Parce que dans certaines régions, les producteurs vivent bien mieux que les distributeurs (et tant mieux pour eux). Mais c’est moins politiquement correct…
lol!! tellement vrai ! j’adore voir les voitures des céréaliers ou producteurs de pommes… Des voitures que je ne pourrais pas me payer… Une productrice de pomme habitant dans un mas famillial et ne pas concevoir ne pas rouler en BMW “luxe” m’expliqué qu’elle vivait mieux des primes de l’état que la récilte de ses pommes. Tout un trafic sur la prime à l’arrachage des arbres et de les replanter ensuite.
Comme dans tout corps de métier il y a le haut et le bas.
Les vendeurs de fraises ne sont pas du tout à plaindre.