“Le discount est un combat, il doit se mener avec courage et audace“. J’aurais pu extraire cette citation d’un vieux texte d’Édouard Leclerc, je l’ai dénichée dans la lettre adressée par Didier Duhaupand, Mousquetaire-en-chef, à ses troupes à l’occasion des vœux (on dédramatise tout de suite à Bondoufle, hein… Oui, je l’ai eue, lue et je vais même en dire globalement du bien !).
En fait, derrière cette phrase, il y a l’une des deux ambitions d’Intermarché : “Redevenir premiers en prix“. C’est d’ailleurs en titre de la missive. “Aucun consommateur n’est prêt à remettre en cause les prix bas qu’apporte la grande distribution, c’est un acquis irréversible“. A l’heure ou certains en doutent, c’est toujours utile de le rappeler. Ou, dit autrement, le discount a un rôle social que Didier Duhaupand a raison de rappeler, y compris en interne.
Reste le plus difficile : le low-price n’existe que par le low-cost. “Nous devons intensifier le travail pour réduire nos coûts de distribution“, explique DD, très dans l’esprit historique du groupement. Et d’égrener ce qui a été fait par l’amont : “Ce travail, nous l’avons engagé tout d’abord pour les services d’appui”. DD évoque la fin des portages (ces magasins déficitaires “portés” par la structure commune) qui avait été impulsé par Thierry Cotillard lorsqu’il présidait l’enseigne Intermarché mais également le plan de transformation logistique. Mais – et c’est rare dans un document aussi formel qu’un courrier à tous – Didier Duhaupand évoque… les points de vente. En clair, les “affaires” des adhérents. “Nous devons aller plus loin que la chasse aux petits frais généraux, en questionnant nos pratiques et en prenant de vraies décisions, capables d’être en rupture avec nos habitudes historiques“. Il n’en reviendra peut-être pas (nos relations sont… fraîches !) mais j’achète tout. En bloc. Oui, il est utile de rappeler une part du réseau à la fois à sa mission de discount ET aux moyens pour y parvenir. Pas sûr que le leadership de Leclerc sur le prix soit réellement menacé mais l’ambition d’Intermarché donne le “la” pour l’ambiance générale de la concurrence.
Second sujet du courrier de Didier Duhaupand : le e-commerce en général, le drive en particulier. En creux, se lit la crainte de ne pas avoir la fameuse taille critique. Je cite : “L’objectif est d’atteindre très rapidement une certaine masse critique pour ne pas être éjectés d’un marché où l’effet cumulatif donnera une prime à ceux qui auront, les premiers, solidement établi leurs positions“. En clair : Leclerc ! DD lance même un chiffre : “dès que possible 10 milliards“. Ça laisse rêveur et surtout du temps par rapport au 1,23 milliard réalisé en drive en 2021 (p’tite exclu au passage). Et pour aider à tendre le réseau dans la (bonne) direction, ce conseil : “Hier, le symbole de la réussite était d’atteindre 56 % de quota frais. Aujourd’hui, le premier quota que nous devons avoir en tête c’est celui du drive“. Sans inutile flagornerie (pas le genre de la maison), j’achète aussi. Nul besoin d’en rajouter sur mes convictions drive…
Toutes les enseignes doivent revoir leurs organisations pour pouvoir proposer des prix plus bas en maintenant une certaine rentabilité.
Cependant celà ne doit pas se faire au détriment des salariés, surtout à un moment où les recrutements sont tendus. Les rayons ne se rempliront pas tout seuls.
Proposer des emplois sur 6 jours avec des coupés, payés au SMIC c’est terminé. Ils ne trouveront plus personne.
C’est tout un modèle économique qu’il faut revoir et toute la supply chain pour être plus efficace.