Une fois n’est pas coutume ici, une tribune. Elle est signée d’un “petit patron” (rien de condescendant puisqu’il est déjà beaucoup plus important que le micro patron de la TPE Dauvers !) : Alexis Vaillant d’Alterfood. Elle a été publiée hier sur son fil Linkedin. Je l’ai trouvée intéressante dans le fond et bien troussée dans la forme et la republie donc ici, en lien évidemment avec son auteur (je dis ça pour qui imaginerait que chez #TeamDauvers on cherche du contenu free of charge venant de l’extérieur, non non ça va très très bien merci).
“La bassesse du débat politique actuel nous montre une fois de plus à quel point les partis de tout bord se soucient peu des problématiques des Français.
A l’approche des élections présidentielles, le débat est essentiellement centré sur comment « emmerder » au mieux les autres partis pour prendre le pouvoir ou pour le conserver.
Au rayon des lois de l’emmerdement maximal : EGALIM 2 !
La loi EGALIM 2 a pour but d’encadrer les relations commerciales entre les enseignes de la grande distribution et les producteurs en rendant non négociable la part agricole des produits alimentaires.
Cette loi politicarde pétrie de bonnes intentions entraine de nombreux effets pervers.
Au-delà de la complexité et de la masse de travail supplémentaire difficile à absorber pour des organisations de petite taille, cette nouvelle loi rend de facto négociables tous les éléments hors matières premières.
Les enseignes pensent donc pouvoir négocier les emballages, les coûts de productions, la logistique sur lesquels nous n’avons aucune marge de manœuvre.
Pire encore, le savoir faire des PME, nos recettes, notre créativité, les salaires de nos collaborateurs deviennent également négociables.
La non négociabilité des matières premières rend donc négociable toute la valeur ajoutée d’une PME.
La théorie de l’étau mise en par la FEEF (Fédération des Entreprises et Entrepreneurs de France) au moment du vote de la loi se révèle de plus en plus réelle.
Notre taille limite notre champ de négociation à l’achat comme à la vente.
C’est un cauchemar sans fin avec chaque année le même cirque accentué par la transparence pernicieuse d’EGALIM 2.
Ce système est d’autant plus complexe en période d’inflation galopante où toute la partie négociable (énergie, transport, salaires, emballages) est la partie la plus affectée par la hausse des coûts.
Encore une fois, il avantage les grands groupes agroalimentaires dont le poids engendre une meilleure capacité de négociation.
Les PME n’ont rien contre la négociation commerciale. Elle fait partie intégrante de notre quotidien d’entreprise au service de la grande distribution et des Français.
Mais une loi qui fait la moitié du travail et qui « emmerde » aussi bien nos partenaires distributeurs que nos PME n’est pas acceptable.
Nous sommes pour la liberté des prix des agriculteurs.
Nous ne pouvons rien contre la liberté des prix de nos fournisseurs.
Encore moins pour la liberté des prix de nos clients.
Mais pourquoi ne sommes nous pas libres de fixer nos prix ?”
Alexis Vaillant
Ce patron a toutes les qualités de communication pour devenir président de la république.
D’un point de vue réaliste, je doute(malheureusement) que sa voix soit entendue si personne n’y fait écho, et c’est bien regrettable…
Question hautement philosophique : qu’est-ce qui est négociable dans les box ? Sauf à vivre dans une économie encadrée, il y aura toujours une offre et une demande avec ses équilibres instables. “Sanctuariser” tout ou partie des tarifs fournisseurs, n’obligera pas le client (les 7 groupes de distribution alimentaire en l’occurrence) à acheter à tous les fournisseurs présents : certains industriels accepteront (plus ou moins contraints) de revoir leurs tarifs à la baisse (en échange parfois de pseudo-contreparties) pour pouvoir vendre leur production.
Le souci récurrent des industriels de taille moindre est de vouloir “jouer” comme les plus grands sans en avoir les armes.