Le site e-commerce de Carrefour incite à choisir des alternatives présentées comme plus saines au stade de la validation du panier. L’idée est aussi excellente que l’ambition élevée pour parvenir à proposer des substitutions pertinentes.
En chantre autoproclamé de la transition alimentaire, Carrefour affiche sur son site e-commerce Carrefour.fr une nouvelle fonctionnalité inédite : la substitution d’articles pour un produit plus sain. Concrètement, une fois le panier de course réalisé, une fenêtre propose de découvrir « des alternatives plus saines » aux produits du panier (pas nécessairement tous).
L’idée est d’autant plus intéressante que l’algorithme sélectionne une unité de besoin strictement comparable (en clair, un sachet de chips 100 g pour un sachet de chips 100 g) et pas une alternative au même besoin (un steak végétal pour un haché de bœuf).
Le terme « sain » est un peu restrictif, car le scope des critères couverts est plus large : Nutriscore (présence voire meilleur score), absence de conservateurs artificiels, garantie sans pesticides, sans sucre ajouté, etc… mais aussi Ecoscore (présence voire meilleur score), bio ou produit français. Dans les faits, bon nombre de substitutions se font sur la simple présence d’un Nutriscore ou d’un Ecoscore. Ce qui, en creux, pointe les marques qui ne jouent pas le jeu.
Autre point positif, le paramétrage a été pensé sans tabou : le système propose une marque nationale à la place d’une autre, mais substitut tout aussi bien un produit Carrefour : le Bresse Bleu est ainsi proposé à la place du Bleu de Bresse Carrefour parce que sans conservateurs artificiels. C’est transparent et… courageux (même si les grincheux pointeront que Carrefour oriente vers un produit plus cher) !
Sur le principe, l’idée d’une prime à la vertu est donc excellente. Mais proposer des substitutions vraiment pertinentes sur une base multicritères aussi large relève d’une vraie gageure. Pour le dire clairement, l’algorithme pilotant l’IA fonctionne en mode « si un produit de la catégorie coche davantage de cases, je le propose », ce qui ne suffit pas à garantir le discernement.
Quelques exemples : le Kinder chocolat est remplacé par son équivalent premier prix car ce dernier affiche l’Ecoscore ; le Coca-Cola regular est substitué par du Pespi Max (édulcoré donc sans sucre) ; les alphabets Panzani remplacés par des torsades Granoro (bio, Ecoscore, sans pesticides) ; la compote Carrefour par une alternative à la fois bio, Ecoscore, sans sucre ajouté, « produit français » et sans pesticides mais… 260 % plus chère.
Et encore Carrefour est-il tributaire de la rigueur avec laquelle ses fournisseurs renseignent la base articles : un pot de glace Ben & Jerry’s est substitué par… un autre pot de glace Ben & Jerry’s de la même gamme, pour la simple raison que la fiche produit de l’un mentionne l’Ecoscore et l’autre non.
Mais Carrefour a au moins le mérite de faire avancer le Schmilblick et de tenter de répondre à un besoin de « mieux consommer » clairement exprimé par ses clients. Il s’y essaie avec transparence, quitte à desservir parfois ses propres intérêts. Sachant, en outre, qu’il sera possible d’appliquer une “couche” de personnalisation sur ces alternatives en apprenant, avec le temps, quelle est la réceptivité de chaque consommateur sur les différents sujets.
C’est bien tout ça !
Mais les gens ne sont pas capables de réfléchir eux-mêmes au lieu d’avoir besoin de l’IA ou je ne sais quoi ?
En matière d’éducation, il ya donc beaucoup à faire ?
Sans parler de capacité à réflexion ni d’éducation, on ne sait pas forcément que les produits auxquels nous sommes habitués sont concurrencés par d’autres ayant de meilleures vertus.
Après tout, on s’y perd facilement entre nutriscore, ecoscore, bio, éco-responsable…
Merci Olivier d’avoir mis en avant ce concept que j’ignorais, pourtant étant employé de Carrefour 🙂