ELO (l’entité Mulliez qui chapeaute notamment Auchan) n’a pas gagné d’argent en 2022. Ou si peu. Le résultat net affiché par le groupe se monte à 48 M€ seulement (358 M€ en 2021). Mais ELO fait valoir que son résultat net dit normalisé atteint 293 M€ (+ 32 M€). La différence ? Les quelque 300 M€ « d’exceptionnels » auxquels Auchan a dû faire face. A commencer par la guerre en Ukraine, bien sûr, pour 156 M€. Pour autant, en termes d’activité, la catastrophe que l’on pouvait craindre sur la zone Ukraine/Russie n’a pas eu lieu : le CA en comparable, hors effet de change, y est stable (+ 0,3 %), la forte inflation venant compenser une baisse de 8 % des tickets (13 % en nombre d’articles) dans ces deux pays. Un moindre mal.
Comme tous les retailers, Auchan a dû aussi composer avec l’inflation dans toutes ses géographies. Entre baisse du taux de marge commerciale, augmentation des salaires et envolée des coûts de l’énergie, Auchan mesure l’impact global de l’inflation à 300 M€. Dans le lot, Auchan a « brûlé du cash » pour tenter de se repositionner sur les prix en France. L’investissement est mesuré à 120 M€ sur 2022. Ce qui a consommé la totalité de l’EBITDA du premier semestre en France. En substance, Auchan prévient qu’il ne pourra supporter un tel investissement tarifaire cette année encore.
Mais, au moins, l’inflation porte-t-elle le chiffre d’affaires. Auchan rencontre donc à nouveau « des vents favorables » en France, selon les propos d’Yves Claude, le PDG d’Auchan Retail. Auchan France affiche pour la première fois depuis neuf ans des ventes en hausses. L’enseigne a reconquis 250 000 clients l’an dernier. Et son NPS (52) n’a cessé de s’améliorer tout au long de 2022.
Convalescent, Auchan voit croire que le bout du tunnel n’est plus très loin. Pour le moral des troupes, ne reste plus qu’à transformer l’essai le plus symbolique : arrêter l’hémorragie de part de marché. On n’y est pas encore : – 0,2 pt à 8,3 % (CAM à P1 Kantar). Déjà, Yves Claude se targue de voir Auchan regagner des PDM sur le frais traditionnel, sur lequel l’enseigne veut mettre encore plus le poids du corps (notamment sur les prix). C’est un début…