Invitée de France Inter dimanche, Olivia Grégoire, la Ministre du Commerce, a affirmé qu’elle s’attendait à une “baisse des prix visible en septembre”. Largement repris, le pronostic a suscité nombre d’interrogations. Autant le dire, elle a raison (sauf événement géopolitique, imprévisible donc). Car, petit à petit, les planètes sont en train de s’aligner pour une inflexion de tendance à brève échéance. D’ici là, oui certaines étiquettes vont encore valser. Mais moins que sur les dernières semaines (et notamment que Mars qui s’est finalement bien avéré “Rouge” / voir ci-dessous).
Première raison à la perspective d’un “septembre vert” : nombre de matières premières sont en recul (blé, huiles, café, etc., revoir ici ). Certes, le prix d’un biscuit dépend d’autres facteurs que le seul cours mondial du blé. Mais, l’an dernier, c’est précisément au nom de l’envolée des matières premières que les industriels obtenaient du gouvernement l’ouverture de renégociations. Donc ce qui marche dans un sens peut aussi fonctionner dans l’autre… Sans quoi (et c’est la seconde raison), se posera un problème politico/sociétal pour les marques qui refuseraient le principe même d’une renégociation. Olivia Grégoire a évoqué l’idée d’une taxation contre les récalcitrants. Peu importe que le socle juridique d’une telle taxe soit difficile à voir pour l’heure, mais le signal est clair : le politique s’en mêlera… Au besoin en désignant ceux qui traînent des pieds. Bruno Le Maire, Ministre de l’Économie, n’avait pas dit autre chose quelques jours auparavant. Car le gouvernement joue gros. Le “trimestre anti-inflation” se termine en juin. A ce moment-là, les Français devront entendre que la déflation arrive, faute de quoi “la vie chère” pourrait devenir un sujet plus explosif encore.
Autre raison qui permet d’espérer une inversion de tendance : l’énergie. Les prix se détendent. Là encore, la nuance s’impose. L’énergie est toujours plus chère que dans “le monde d’avant” et certaines entreprises sont engagées sur des contrats longs. Mais un mouvement est enclenché. Suffisamment pour permettre de grapiller quelques centimes ça et là.
Il y a enfin “LE” sujet qui inquiète aujourd’hui toutes les marques : les volumes. Partout ou presque, la baisse est marquée. La descente en gamme (pronostiquée ici dès avril 2022…) détourne les clients des “grandes” marques pour les MDD voir les premiers prix. Refuser la renégociation, c’est évidemment préserver ses marges, mais c’est d’abord prendre le risque de voir s’éroder plus encore ses volumes. Suicidaire.
Reste une question : la déflation sera-t-elle générale ? Probablement pas. Toutes les matières premières n’ont pas reflué. Le sucre par exemple, toujours très haut. D’autres sont politiquement sensibles. Le lait notamment. Pour que le camembert baisse en rayon, le prix du lait doit reculer à la ferme. Pour le coup, c’est pas gagné. Pour une part, la hausse du prix du lait depuis deux ans était un rattrapage nécessaire pour les éleveurs laitiers. Mais, à l’échelle alimentaire, ces filières encore exposées à l’inflation sont minoritaires. Voilà pourquoi après “Mars Rouge”, Septembre devrait être vert. J’en prends le pari. Visiblement le gouvernement aussi.
septembre vert …
On va s’embêter, c’était plus marrant mars rouge.
:-)))
D’ici à ce que Noël soit en décembre, il n’y a qu’un pas …..
On va plutôt continuer à trinquer , tout est bon pour quexles prix descendent le moins vite , ça entretien la TVA et certains groupe alimentaire 👍
@Nyko : question intéressante pour Olivier
Sur l’alimentaire entre le recul des volumes et l’augmentation du prix unitaire, l’Etat est-il gagnant sur la TVA (en simplifiant et en considérant par exemple que le chocolat est toujours à taux réduit, quelle que soit sa variété ?).
Bref, en tant que percepteur, a-t-il intérêt à mars rouge ou septembre vert ?
Intéressant a savoir oui
Aujourd’hui ce ne sont pas les coûts des matières qui sont en cause, ce sont les coûts délirants d’une logistique toujours plus éloignée, chaotique et mal maîtrisée.
La question est plutôt de savoir quel sera le pouvoir d’achat perdu à tout jamais par les clients car les prix ne reviendront pas là où ils étaient… Lemaire et Grégoire peuvent jouer les chevaliers blancs : avec les lois Descrozailles ça fait bien rigoler.
Tout à fait d’accord.
Les prix seront juste “un peu moins extrêmement élevés”.
“Septembre vert” est une punchline peu adaptée à la dure réalité des ménages ! Le “vert” ça évoque du positif pour le pouvoir d’achat, le retour des prix de début 2022 par exemple. On en sera loin, loin, loin ….
Entre l’inquiétude des marques nationales sur les volumes, la volonté des enseignes d’améliorer leur image prix après avoir bien rempli les caisses en 2020-2022 et début 2023 (certaines ayant largement anticipé certaines hausses négociées et effectives au 01/04/2023 !) et certaines réductions déjà sensibles d’énergies / de commodités agricoles, la désinflation devrait en effet arriver par vaguelettes successives.
De quoi faire mentir l’ancien président de la Bundesbank, Karl Otto Pöhl, qui disait en 1980: «L’inflation, c’est comme la pâte dentifrice. Quand elle est sortie du tube, impossible de l’y faire rentrer.» ??
Concernant les volumes, il suffit de voir les OP de type grands formats qui ne marchent pas tant que ça dans les différentes enseignes, c’est un beau thermomètre.
Bonjour,
Je pense que Septembre vert est trop tôt, dans les industries, nous ne voyons pas encore baissé le coût (emballage toujours haut, MP toujours très haut, hausse de l’énergie en janvier….). Les entreprises passent des contrats sur plusieurs mois et ont aussi sauf beaucoup de stock, ce qui fait qu’il n’y aura pas d’évolution avant 2024 mais peut être une stagnation des prix.