Les chats ne font pas des chiens, dit-on. Et le hasard fait bien les choses, dit-on aussi. En voici une illustration… Le 15 juin 1963, jour de l’ouverture du premier hyper français (et mondial) à Sainte-Geneviève des Bois, Mamie Dauvers en était ! A quelques jours du 60e anniversaire de ce qui est quand même un événement commercial (et aussi sociétal), elle partage ses souvenirs. Ce qu’elle faisait ce jour-là chez Carrefour et, évidemment, ce qui l’a marqué…
15 juin 1963, tu avais 23 ans et tu étais à Sainte-Geneviève des Bois. Pourquoi ?
J’habitais le 17e arrondissement de Paris mais je travaillais en banlieue. J’étais infirmière à l’Hôpital psychiatrique qui séparait Sainte Geneviève des Bois, Épinay sur Orge et Villiers sur Orge. J’avais évidemment entendu parler de l’ouverture d’un magasin d’un nouveau genre. Un “Carrefour”. Une enseigne que je ne connaissais pas, mais qui promettait quelque chose que l’on n’avait encore jamais vu. Il faut se remettre dans le contexte de l’époque… Les années 1960. Beaucoup de nouveautés… C’était une de plus. J’étais donc curieuse et avec quelques collègues de l’hôpital, nous y sommes allés après notre travail, en début d’après-midi. C’était un samedi.
Ce qui t’as marquée ?
La première impression c’est l’arrivée sur le parking et le magasin. Isolé, au milieu des champs. Et le parking, immense (450 places, précision du fiston). Je pouvais garer ma 4L en marche avant ! Ensuite, il y a eu cet objet que l’on découvrait tous : un chariot. Un chariot pour faire ses courses ! Alors qu’on n’utilisait habituellement que des filets en coton qui cisaillaient les doigts quand ils étaient trop remplis. D’ailleurs, pour autant que je m’en souvienne, on n’employait pas le terme “caddie” mais bien “chariot”.
Et le magasin lui-même ?
Là aussi, c’était l’impression de gigantisme. Je faisais habituellement mes courses dans des petites boutiques rue Lévis à Paris, chez Felix Potin ou Uniprix et, là, je découvre quelque chose d’incroyable (2 500 m2, précision du fiston). Surtout, il y avait tous les produits que l’on pouvait chercher : de l’alimentation mais aussi d’autres produits. Je me souviens d’ustensiles pour la cuisine, des collants ou même de la lingerie. Ça, ça m’a surpris ! De la petite lingerie dans un magasin alimentaire.
Le choix ? Le libre-service ? Comment tu découvres ça ?
Le choix, c’était quelque chose d’incroyable. On ne savait quasiment pas ce que c’était que de choisir entre différents produits. Et de se servir soi-même, c’était formidable. On pouvait prendre, hésiter, reposer, reprendre, etc. Alors que dans mes boutiques habituelles, on demandait un produit et l’épicier vous servait. Et ensuite il fallait prendre le produit. Je radote peut-être mais c’était vraiment incroyable. En plus, il y avait un monde de fou, ce qui rendait le moment encore plus extraordinaire.
Les prix ?
Si c’était cher ou pas cher ? Honnêtement, j’en ai pas de souvenir. Par contre, le fait d’avoir le choix entre les produits ça permettait de prendre le prix que l’on voulait. Sur les prix, je me souviens qu’ils étaient tous collés sur les produits.
Ton premier achat ?
Faut vraiment le dire ??? (rires). Je crois bien que c’était de la crème Mont Blanc au caramel, parce que j’adorais ça !
Tu as tout de suite pensé que ça marcherait ?
Oui et non. Tous les clients n’avaient qu’une envie : que ça marche ! Mais on se demandait aussi tous “comment ça peut marcher ?”. Parce que c’était grand, parce que c’était “loin” de la ville.
Les autres hypermarchés qui t’ont marquée ?
Principalement un : Portet-sur-Garonne (qui a longtemps été le plus grand hyper avec + de 24 000 m2, précision du fiston). J’habitais dans le Gers, à 45 mn de là, et le samedi c’était une aventure autant qu’une sortie d’aller y faire les courses. Même “Papy Dauvers” venait, alors qu’il n’était pas très attiré par les magasins, c’est dire si ça devait être intéressant !
“Mamie Dauvers is back”, enfin !
Jolie tranche de vie, symbole d’une époque.
L’anecdote de papy Dauvers elle aussi montre le fossé entre ce temps et aujourd’hui: Avant aller faire les courses était “une sortie”, c’était agréable, on en profitait, on mangeait à la “cafet” tellement on passait de temps sur place. Désormais, c’est une corvée et on a hâte de rentrer, le porte monnaie nous rappelle vite à la réalité…
et mami dauvers habite t’elle toujours sur l’idf ?
j’aurai bien fait un selfie avec les deux generations, c’est l’histoire d’un ptit délire perso compte tenu de ce que je vois/lis ici du taulier et de sa daronne.
ah non, Mamie Dauvers est sur Rennes.
D’ailleurs, photo prise samedi à Carrefour Rennes Cesson
zut c’est ce que j’avais cru comprendre au fil des sujets
ben tant pis merci quand meme.
Que j’ai eu la chance de rencontrer il y a 3semaines/1mois à carrefour cesson
Elle est à Rennes ! Olivier, votre français est excellent, ne cédez pas à l’usage erroné de cette pauvre préposition !
L’ oiseau est sur la branche.
J’ai beaucoup aimé l’interview de Madame Dauvers, et m’y suis tellement retrouvée ! Oui, les courses étaient une fête suivies du luxe du repas à la cafétéria !
“l’ouverture du premier hyper français (et mondial)”
mondial, non !!!
Un chercheur belge a bien rappellé que c’est bien un hyper belge le premier mondial, dans la banlieue de bruxelles.
Ironiquement c’est maintenant un Carrefour depuis que GB a été racheté par carrefour.
Je croyais que vous alliez l’éviter celle-là Dauvers…
J’ai compris maintenant pouruoi Mamie Dauvers était dans le coin en 1963.
Parce qu’entre le carrefour de la sogara de portet-sur-garonne, de rennes et sainte geneviève des bois, ça fait de la distance 🙂
Hello Bob
Oui je sais que le titre “mondial” est sujet à discussion. Mais je vois aussi que les versions divergent quant à l’intégration réelle de l’alimentaire dans la surface XXL.
Pour le coup – et c’est ça qui est intéressant dans le témoignage de Mamie Dauvers (et des autres clients de l’époque) – c’est le mélange total alimentaire / non-al qui était frappant.
Olivier
Depuis le changement des rayons, faire ses courses à Carrefour Ste Geneviève des bois dans l’Essonne, c’est un enfer ! Une corvée ! Seul petit plus le passage aux caisses réglementé… tous les rayons mélangés…..pour une personne âgée c’est loin d’être l’idéal. Cela me permets de dépenser moins, le tou4 des rayons est trop pénible. Très mauvaise idée……
de mon cote, lorsque je vois le carrouf pas loin de chez moi, le auchan hyper ou le super dans lequel je bosse actuellement, jme dis qu’il ne leur reste plus tres longtemps pour finir comme casino.
a terme, ne restera pour moi que des independants si c’est moi qui sors mon chequier, j’evite de faire nimporte quoi …. à mediter pour tout les hauts gradé qui pour bien d’entre eux ne servent a rien. profitez tant que vous pourrez, ca ne durera pas.
apres moi le deluge ……
Superbe échange, très sympa, merci OD 🙂
Très bon reportage! avec la même expérience que vous et mes parents et grands parents qui partaient tous les samedis faire leurs courses en famille. Je me rappelle tout petit avoir une horreur des magasins car on y passé la journée et pourtant… J’y travaille depuis mais 17 ans maintenant lol
Mais oui je suis d’accord avec les commentaires plus haut. Les courses étaient des moments de sortie, de plaisir à découvrir toutes les nouveautés etc… Aujourd’hui c’est une corvée et en plus c’est “cher”!
C’est vrai que les courses c’est un peu la corvée, mais pour les clients Casino ce sera sympa de vivre la mue vers Intermarché. Heureusement que j’avais attendu une promo sur Casinomax.
1963. Une autre époque.
Ds les grandes villes, les souvenirs et trauma de la 2de guerre. Le rationnement, le manque. Différent à la campagne, moins de privation, plus d autosuffisance en terme de nourriture, mais aussi des stigmates. Mes grands parents ont vécu l une à la ville, l autre à la campagne, avec deux experiences differentes et souffrances variées rien que sur des besoins primaires en nourriture.
Arrive 15 ans apres des temples de profusion. Tout sous le même toit.
L hyper, c était du jamais vu. Et surtout rien à voir avec des périodes sombres de restriction.
Je n ai jms vécu et connu ces événements. Je n ai pas cette mémoire de l histoire et n ai pas eu à manquer. Aussi, eux stockaient des denrées par peur du manque (une dlc dépassée ?? Tu survivras),alors que j achete au fil de l eau car je n ai jms connu que la profusion, le “bcp trop de choix” alors que je n en ai pas besoin, que je n apprécie pas de passer 2h à acheter des produits du quotidien,et que je m interroge sur l impact environnemental d un assort large don’t bcp DE produits viennent de l autre bout du monde.
2 époques, 2 points de vue conso. Chacun a ses raisons mais la question reste : comment le commerce (et ici l hyper) se réinvente, pr les consiste et les tendances de la société ?
Votre maman fréquentée Portet en quelle année ?
En quelle année sa maman été “fréquentée” ne vous regarde pas, les magasins qu’elle “fréquentait” à la limite.