L’alimentaire à l’heure de la transition environnementale : 21 propositions

Retour sur la présentation (c’était mardi à Paris) des travaux du Think Tank Agroalimentaire des Échos que je dirige depuis 9 ans. Pour faire simple, un Think Tank est un groupe d’experts brillants (davantage que celui qui les dirige sinon ils n’accepteraient pas d’être dirigés par lui !) qui mutualisent leur réflexion sur une cause commune. Cette année, il s’agit à nouveau d’imaginer comment la filière alimentaire peut accélérer sa transition environnementale. 

Le résultat ? 21 propositions. Certaines disruptives, d’autres plus conventionnelles (il faut de tout !) autour de 4 thématiques : le sol (parce que c’est le socle), le marché du carbone (parce que c’est à cette seule solution que l’agriculture peut vraiment devenir un piège à carbone), l’entreprise (parce que c’est le lieu de l’impact) et enfin le consommateur, parce qu’il détient le pouvoir de changer le monde. Pour l’illustrer, j’aime à citer ce chiffre : 75 milliards. C’est le nombre de repas pris par les Français tous les ans. Donc autant d’occasions, en modifiant même un seul des paramètres d’avoir un impact. Un p’tit quelque chose de 75 milliard, ça fait déjà beaucoup ! 

Parmi les 21 « recos », voici mon trio préféré :

Redresser l’EBITDA publié d’une valeur carbone

Il s’agit de soustraire au résultat d’une entreprise l’équivalent de ses émissions de carbone (en adoptant par exemple la valeur de la tonne de carbone fixée par le Giec). Le résultat publié ne traduirait donc plus uniquement l’apport économique des entreprises mais également leur « emprunt » écologique ! Et l’intérêt serait alors de pouvoir les comparer entre elles sur ce sujet. 

Mise en place d’un Pass RSE (ayant valeur de « permis de gérer » )

Il s’agit de rendre obligatoire un « permis de gérer » dans le même esprit que le permis de conduire (qui a à la fois l’objectif de se protéger soi-même en apprenant à conduire et… à protéger les autres par sa conduite). 

Dit de manière plus directe : gérer une entreprise ne pourrait alors s’envisager qu’après avoir démontré (et validé) un niveau de conscience environnementale. Utopie penseront certains… Mais savez-vous qu’il existe déjà ce genre de « certification » pour nombre de professions ? Par exemple un agriculteur qui utilise des produits phytosanitaires doit disposer du « Certiphyto ». 

Rendre public les lieux de compensation carbone

Il s’agit d’obliger les entreprises / marques se prévalant d’une neutralité carbone d’indiquer où elles ont « compensé » (car la neutralité ne s’obtient évidemment qu’en compensant). Quel intérêt me direz-vous ? Inciter à une compensation plus locale que ce qui est fait aujourd’hui (souvent « à l’autre bout du monde » pour une valeur de 5 ou 10 € la tonne). Mécaniquement, ça soutiendrait la demande pour des tonnes de carbone (« agricole ») en France ou en Europe. Donc permettrait de créer les conditions d’un marché carbone rémunérateur pour l’agriculture (et incitatif pour modifier les pratiques). 

L’ensemble de nos travaux est en libre-téléchargement ici >> 

[ Et évidemment un grand merci à tous les membres de cette 9e édition et aux participants à la restitution du 4 juillet, notamment Marc Fesneau, le ministre de l’Agriculture, qui n’avait probablement jamais été interrogé par un journaliste avec un veste « serpent » 😉 ]