Le 13 mars, sous les « ors » de Bercy, Olivia Grégoire, Ministre de la Consommation, lançait la démarche Origine-Info. Une démarche que les marques comme les enseignes sont appelées à rejoindre volontairement (la « coercition » sur le sujet n’est pas Bruxelles-compatible). Depuis, l’enthousiasme du premier jour (toutes les parties prenantes avaient donné un accord de principe) s’est émoussé. L’enjeu est pourtant majeur. Analyse et plaidoyer du Think Tank « Les Éclaireurs de l’alimentaire »…
Le constat est connu… La souveraineté alimentaire est moins affirmée qu’elle ne l’était, la Ferme France voit ses positions reculer, sur son marché intérieur, comme à l’export. Et une menace supplémentaire plane : le non-renouvellement des générations d’exploitants agricoles, faute d’attractivité (notamment financière) du métier.
Le principal levier d’action l’est aussi (connu) : la compétitivité-coûts. Si la Ferme France perd des positions, c’est d’abord faute de compétitivité. Car, on l’oublie trop souvent, le revenu agricole est une soustraction : d’un côté les charges, de l’autre les recettes. Ce chantier est – hélas – encore devant.
A défaut, la transparence de l’origine est un chemin. A minima pour nourrir la « valeur sociale » de l’offre alimentaire. Ou, dit autrement, aider les consommateurs à aider les agriculteurs par leurs achats. Aujourd’hui, la revendication de l’origine des ingrédients n’est qu’intéressée : surjouée lorsque française, masquée (voire dévoyée) lorsque non-française.
Voilà pourquoi la démarche initiée par Olivia Grégoire doit être soutenue. Et la frilosité actuelle de certaines parties prenantes… réchauffée.
A ceux qui en doutent, la transparence a des vertus. En premier lieu, elle est en résonnance avec l’époque, bien au-delà du seul sujet alimentaire. La transparence est un vecteur majeur de confiance. Or pas de commerce sans confiance ! Comment une marque (quelle qu’elle soit) peut-elle l’ignorer ? Impossible.
Seconde vertu : la transparence éclairera le choix des consommateurs. Objectif : que ceux qui le veulent / le peuvent intègrent cette information d’origine dans leur décision d’achat. Ce qui, par ricochet, influencera le sourcing des industriels. Au bénéfice (même partiel ou modeste) de la Ferme France. C’est tout l’enjeu de la démarche Origine-Info.
Reste ensuite à imaginer l’incarnation de l’Origine-Info. En 2019, Intermarché a montré la voie avec son FrancoScore, inspiré de l’expérience australienne (et « l’Indice Kangourou » indiquant la part d’ingrédients nationaux dans la recette). Simple à comprendre mais possiblement stigmatisant (pour les ingrédients étrangers). En 2020, Leclerc et Lidl ont initié l’affichage des pays en lieu et place de l’hypocrite « UE » ou « non-UE ». Avantage : une information factuelle, en rien stigmatisante. Inconvénient : l’absence d’une quantification dans les cas (nombreux) de multi-provenance
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D’où la proposition du Collectif En Vérité… Une voie médiane entre l’affichage d’un pourcentage d’ingrédients français et une liste de pays d’origine. Un outil simple, répartissant les matières premières agricoles mises en œuvre en trois sous-parties : France, UE et hors UE. Un outil intégrant aussi le lieu de fabrication car la valeur sociale d’un produit déborde les seuls ingrédients pour inclure évidemment l’usine et ses salariés.
Voilà pourquoi la proposition du Collectif En Vérité est le bon outil pour une bonne démarche. Et les écueils de complexité évoqués ça et là ne sont en réalité que faux nez pour refuser une avancée utile et nécessaire. Pour les consommateurs (qui seront mieux éclairés). Pour les distributeurs (dont l’intérêt est la vente de produits les plus valorisés possibles). Pour les industriels (dont les bonnes pratiques d’approvisionnement seront plus facilement repérables). Pour les agriculteurs (qui seront plus aisément « aidés » par les consommateurs).
Le rendez-vous est historique. Donc à ne pas manquer.
Les Éclaireurs de l’Alimentaire
NB : comme d’usage, cette position reflète la position médiane et la réflexion commune des Éclaireurs de l’Alimentaire mais n’engage pas les membres à titre individuel.
Primo, pour + de clarté, ce serait mieux de voir France 81% – UE hors F 18% – hors UE 1%
Secundo, pourquoi se limiter à la provenance géographique des ingrédients de produits transformés ? Les emballages primaires ont aussi toute leur importance …
Je ne partage pas du tout votre avis sur le sujet. Mais comme vous allez de toutes les façon continuer, je continuerai de regarder ce qui se passe.
Non pas que nos agriculteurs n’est pas le besoin d’etre payé correctement, mais plutôt que trop de lois tue les lois.
Et comme je suis industriel, votre agitations ressemble a celle d’un poisson rouge dans un bocal
hello je vais continuer je vais continuer.
quant à mes “agitations”, j’ai l’immodestie de penser que je suis pas étranger à l’avancée actuelle du sujet. #euphémisme. Et tant pis si ça dérange 😉
Mais avancer ne veut pas dire arriver, et deuxio ne pensez vous pas que vous êtes simplement le pantin des politiciens, tout comme d’autre qui ont fait faire des lois inutile et non appliqué ou non applicable (j’en ai une longue liste)
Il me semble que certains industriels vont freiner des 4 fers face à ce nouvel affichage, bientôt plus de place en face avant pour une photo de leur produit…
L’idée est excellente et simple, immédiatement lisible, reste aux industriels à régler la question cruciale, quand j’indique sur mon emballage, origine UE/non UE, faudra bien avouer pour certains que la mention UE ne sert qu’à évoquer l’idée qu’une pénurie en non UE oblige à se fournir en UE
Il y a une AOP UE/non UE, c’est la viande des Grisons, à cheval sur la Suisse et l’Autriche…