De nombreux magasins sont aujourd’hui présents sur les plates-formes Uber Eats ou Deliveroo. « Une folie », tranche Stéphane Legatelois, longtemps en charge du e-commerce chez Carrefour et désormais CEO de Delipop* (click & collect mutualisé et automatisé).
Hormis le drive, le e-commerce alimentaire demeure toujours un marché modeste. Pourquoi ?
Parce qu’il n’est pas encore économiquement « craqué » ! Alors qu’il existe pourtant une demande potentielle : pour une part de leurs achats (notamment les moins impliquants), une part des consommateurs sont prêts au e-commerce, ne serait-ce que pour la praticité. Mais pas à n’importe quel prix. Et c’est bien ça le problème…
Quelle solution ?
Il faut baisser les coûts. Les enjeux résident dans l’industrialisation voire l’automatisation de la préparation de commande et dans la mutualisation de la mise à disposition au client final. C’est ce que nous tentons de faire avec Delipop. D’autres aussi comme Picnic. Du début à la fin de ses process, tout est vraiment fait pour abaisser les coûts, donc rendre le service accessible pour les clients et possiblement rentable lorsque le volume sera au rendez-vous. En fait, pour rentabiliser la LAD, il n’y a que deux voies possibles : par l’indice prix (ce que fait Houra : les prix sont élevés, mais le service au rendez-vous) ou par les process, c’est la stratégie Picnic.
Les plates-formes sont une voie aussi ! Un magasin branché sur Uber eats règle de facto le sujet du coût de livraison, donc la rentabilité du e-commerce…
Non ! D’abord, et même s’il est traité en marginal, le coût de préparation existe bel et bien. Sans compter le niveau de qualité de la préparation de commande avec une part de produits manquants trop élevée. Ensuite et surtout, c’est une folie de confier son e-commerce à Uber eats ou Deliveroo.
Pourquoi « une folie » ?
Pour une enseigne, utiliser une plate-forme, c’est échanger sa rentabilité contre la relation-client ! Oui « se brancher » sur Uber eats, c’est s’éviter le sujet livraison. A la fois ses coûts et son organisation. Mais c’est perdre le client. Donc dépendre des plates-formes, surtout quand, peu à peu, la part de cette activité progresse dans votre chiffre d’affaires. L’étape d’après est connue : quand la plate-forme pèse lourd, elle accroîtra son taux de commission et le magasin ne sera plus qu’un sous-traitant, donc substituable. Sans compter qu’il est légitime de s’interroger sur le volet social de ces plates-formes.
C’est-à-dire ?
Soyons direct… Uber eats est-il un modèle vertueux ? Il est permis d’en douter et c’est un euphémisme. Ça arrange peut-être de ne pas le voir ou ne pas le dire. Mais il se forme autour de la livraison une « dark économie ». Donc une instabilité juridique. La réglementation pourrait casser le modèle. On l’a connu avec le quick-commerce ou, dans un registre un peu différent, avec les trottinettes en location qui ont disparu du jour au lendemain.
La livraison collaborative, façon Shopopop ou Tut-Tut, est-elle alors un bon compromis ?
En théorie, oui, en pratique c’est moins sûr. Sur le papier, c’est un beau modèle car basé sur le principe d’une mutualisation des courses, par exemple entre voisins. Dans la réalité, il y a, là aussi, le risque d’une économie incontrôlée avec des livreurs qui deviennent en réalité des professionnels. Dit encore plus directement et au-delà du seul cadre du collaboratif : casser le prix de la livraison en cassant le modèle social n’est évidemment pas la bonne voie. Je le pense en tant que citoyen, mais aussi en tant que chef d’entreprise car le socle réglementaire en devient possiblement instable. Et on ne bâtit pas un modèle économique durable comme ça.
* Delipop exploite aujourd’hui 12 points de retrait mutualisé à Paris et Lille, notamment en collaboration avec Carrefour, Intermarché ou Monoprix.
Sans compter qu’il est légitime de s’interroger sur le volet social de ces plates-formes. – C’est-à-dire ? – Soyons direct… Uber eats est-il un modèle vertueux ? Il est permis d’en douter et c’est un euphémisme. => Entre les vélos de location “confisqués” et destinés à un usage intensif, la situation précaire et administrativement opaque des livreurs qui foncent allègrement parmi les piétons, ils ont le statut de larbins et au profit de qui ? J’avoue que j’aimerais moi aussi en savoir un peu plus sur le profil type du client qui se fait livrer par Uber Eats, opinions politiques (et donc sociales) incluses !
Les Uber eats et cie sont tout bonnement du vol, prix gonflés de base auxquels ils ajoutent frais de dossier et frais de livraison Alors qu’auparavant, par exemple, une pizzeria avait ses livreurs et ça ne gonflait pas les prix comme ça le fait avec Uber et cie car Uber prends à la fois de l’argent au restaurateur (d’où le gonflage des prix pour que le vendeur garde sa marge) et au client. Au final c’est le client et le livreur qui sont spoliés par les plateformes comme uber
Je ne vois pas trop l’intérêt de delipop. Si on a le temps de préparer sa liste de courses sur smartphone (ce qui est généralement long et peu pratique) et d’aller chercher ses courses dans un point de retrait (en voiture ? Sinon, il faut être sûr de ne pas commander trop. Mais alors le surcoût de delipop est rédhibitoire, non ?) autant aller faire ses courses dans un magasin de proximité . Non ?
Une blague cette article, faut évoluer les gars…