Publication ce matin par le Ministère de la Consommation des 80 marques (industriels et distributeurs) qui adhèrent à la démarche Origin’Info initiée par Olivia Grégoire le 13 mars à Bercy. Une démarche née des travaux du Collectif en Vérité et du Manifeste #BalanceTonOrigine que j’ai coordonné en 2019 et qui vise à donner (enfin) aux consommateurs la transparence des origines des produits alimentaires.
Après nombre d’allers-retours entre les parties prenantes et le cabinet d’Olivia Grégoire, un cahier des charges fixe le cadre d’usage d’Origin’Info. Il repose sur trois piliers : d’abord, l’engagement des signataires pour indiquer l’origine des matières premières agricoles (et pas des “ingrédients”) ; ensuite, la mise à disposition de ces informations a minima via un QR Code et au mieux sur le pack ; enfin, l’affichage clair des pays et non la mention supra nationale “UE” ou “non UE”.
Les rigoristes (dont je suis sur le sujet) regretteront que l’affichage des pays (en cas de multi-provenances) ne se fasse pas par ordre décroissant de volume mais par ordre alphabétique. Car le risque existe d’un “origine-washing” avec 5 % de poulet français dans mes nuggets et 95 % de poulet polonais, ce qui suffirait à inscrire France/Pologne et non Pologne/France. Mais, selon mes informations, l’administration se dit prête à se pencher sur des recettes qui changeraient de manière trop caricaturale dans les mois qui viennent…
Les optimistes (dont je sais être aussi) verront quand même dans l’Origin’Info un extraordinaire premier pas dans une direction qui n’était jusqu’à présent que l’utopie de quelques uns. Un modeste premier pas, mais un pas permettant aux consommateurs qui le veulent / le peuvent d’aider les agriculteurs français via leurs achats. Et, sur le sujet, je m’en remets au vieux sage : qui peut le moins aujourd’hui pourra le plus demain !
Reste le sujet (majeur) des signatures. Comme en 2019 avec le Manifeste #BalanceTonOrigine (revoir ici), le cabinet de la Ministre de la Consommation a fait quasi carton plein du côté distributeurs, à la nuance près d’Aldi (qui vit donc sur une autre planète). En revanche, côté industriels, on sent bien que le sujet de la transparence gêne encore et toujours. Au-delà des PME du Collectif en Vérité, il y a certes quelques belles prises : Panzani, Fleury Michon (dont je vais enfin savoir d’où vient le canard de mon parmentier préféré !), Bonduelle, d’Aucy, LDC ou Lesieur. Mais il y a surtout beaucoup, beaucoup trop même, de grands absents. Mais où sont donc ces groupes majeurs de l’agroalimentaire français qui blablatent consommateurs matin, midi et soir dans leurs réunions et stratégies à “360°” mais qui négligent l’importance de la transparence ? Où sont donc les Danone, Lactalis, Nestlé, Herta, Ferrero et tant d’autres ? Réponse : aux abonnés absents. Et ça se voit.
A quoi ça sert ?
Un garagiste m’a dit que certaines voitures allemandes étaient moins bien conçues que certaines voitures italiennes.
Je parie que cette information sur l’origine finira comme le Nutriscore, qui vient d’être abandonné par le grand distributeur suisse Migros.