Dans une tribune au Journal du Dimanche, Michel Biéro, patron de Lidl (et acteur de long terme du débat public sur le sujet de la rémunération des agriculteurs) et l’ancien ministre du commerce Renaud Dutreil livrent leurs idées pour la réforme en cours d’Égalim. Les voici…
Idée 1 : Assurer au producteur agricole un revenu sanctuarisant le prix de la matière première agricole, tenant compte des coûts de production, de la charge de la dette, des investissements de modernisation durable de l’exploitation et du « nécessaire pour vivre » de l’agriculteur. Le premier acheteur du producteur agricole, accompagné du tiers de confiance, doit être le certificateur de ce revenu.
Idée 2 : Accorder aux agriculteurs, comme le font nos voisins suisses, une contrepartie pour les trois missions d’intérêt général qu’il faut leur confier et contractualiser par spécificité de territoire sur plusieurs années : 1°) l’entretien des paysages et de la biodiversité 2°) la décarbonation de la production agricole et 3°) la pérennité en France d’un art de vivre et de se bien nourrir.
Idée 3 : Améliorer la transparence sur la formation des prix et la répartition de la valeur, en s’inspirant de l’esprit des contrats tripartites. Dans le système actuel des contrats, le producteur agricole est la partie qui n’a pas son mot à dire. Il faut favoriser par la loi la négociation tripartite transparente, en appliquant un principe simple et basique de construction du prix en marche avant.
Idée 4 : Définir comme base du tarif du fournisseur le « triple net », égal à la somme des coûts de production, la négociation allant « vers l’avant », avec les garde-fous qui conviennent : sanction des prix abusivement bas et des pratiques discriminatoires. Mettre un terme à la « descente tarifaire », habillage trompeur et technocratique qui pénalise in fine le pouvoir d’achat du consommateur.
Idée 5 : Supprimer le SRP + 10 % qui n’est plus nécessaire compte tenu de la protection du revenu agricole.
Idée 6 : Autoriser les négociations entre fournisseurs et distributeurs toute l’année, comme partout en Europe, afin de revenir sur les cycles évidents de la négociation et d’intégrer rapidement, à la hausse comme à la baisse, les fluctuations des tarifs des matières premières. La guerre en Ukraine, qui a éclaté quelques jours avant la clôture officielle des négociations, a montré combien la rigidité calendaire de négociation était absurde. Pour les PME, maintien de l’obligation de négociation d’un contrat annuel, incluant l’ensemble des conditions de la négociation commerciale.
Idée 7 : Protéger la valeur des marques, qu’elles soient nationales, locales ou internationales, en interdisant les pratiques commerciales destructrices de « brand value ».
Idée 8 : Soumettre au Parlement et avant le début des négociations commerciales 2025 une loi globale, élaborée dans la concertation, avec obligation d’évaluation économique et sociale à la fin de la législature.
NB : d’accord / pas d’accord avec Michel Biéro et Renaud Dutreil ? Dites-le moi en commentaire ou plus discrètement ici. Je leur relaierai pour ouvrir le débat 😉
Olivier II serait bon d’arrêter de pondre des lois en anticipant la période des négociations
Tout est parfait mais en appliquant ces recommandations, les prix vont logiquement et naturellement exploser.
quel sera l’intérêt d’acheter “français” si la plupart des gens ne pourront plus se le permettre?
La conséquence sera le retour en force des produits frontalier bien moins cher
ce week-end il y avait dans le sud (Salon de Provence) un salon de l’agriculture. Je suis resté sur le c….l en voyant les prix “direct” producteur. limite une honte. Les paysans doivent vivre de leur labeur mais il y a des limites…
qlq exemples dont je me rappelle :
Saucisson d’Arles à 84€/kg et d’autres entre 49-59€ le kg, cerises à 9€ le kg et 6€ celles à manger sur place tellement elles étaient noire limite pourries, un petit fromage de chèvre 2€90, miche de pain 400g non bio à 4€50-5€50, abricot entre 5 et 7€ le kg ou 4€ les déclassés. Du miel de fleur à 17€ le kg et j’ai acheté une bière pression à 3€ les 25cl, la moins cher des 3 stand que j’ai vu (ouf elle était bonne lol) et je vous passe tous les viticulteurs avec des prix de bouteilles stratosphériques… du blanc à 11€ la bouteille, idem pour le rosé sur les stands les plus compétitifs. On ne parle pas ici de grandes maisons hein!?
J’ai fini ma journée avec rien dans les mains et c’est bien rare de ma part car j’aime me faire plaisir mais je ne suis pas non plus un gogo..
“Idée 1 : Assurer au producteur agricole …”
Ca part très mal, car il n’y a pas de contacts en Lidl et les producteurs agricoles. Lidl se fournit auprès des grossistes. Il devrait le savoir. Et le problème vient justement de ces intermédiaires, trop gourmands.
Euh, comment dire cher René des bois… ? Manifestement vous êtes passé à côté des contrats tripartites 😉
ah non pas vraiment… Lidl au contraire est un des distrib les plus proches des agriculteurs. Je vous rappelle qu’ils sont les seuls de la profession à avoir eu un stand au SIA 2024 🙂
J’ai juste peur qu’au final le consommateur paie plus cher en accusant encore le commerçant de se gaver.
Si au moins cela peut garantir aux agriculteurs une vie plus saine alors pourquoi pas, mais il va falloir l’expliquer aux consommateurs, que tout le monde soit responsabilisé à cette grande cause.
Donner la parole à ces deux là, je reve, l’un nous a co-pondu l’horrible loi,jacob-dutreil, l’autre est l’émissaire d’un groupe allemand très,hypocrite sur le monde paysan; où passent les impôts, lidl?