Le nouveau logo, le repositionnement haut de gamme avec des emplacements en centres-villes ou en galeries commerciales n’ont visiblement pas suffi. Après le placement en redressement judiciaire de Cash Converters fin février, l’administrateur judiciaire nommé par le tribunal de Commerce de Bobigny cherche un repreneur global ou partiel pour le groupe.
Ce qui donne l’occasion d’en savoir un peu plus sur le périmètre concerné et les performances de l’enseigne. Le groupe (15 sociétés, 138 salariés) a réalisé seulement 25 M€ de CA pour une perte d’exploitation de 2 M€ en 2022. Ce périmètre inclut la tête de réseau (Cash Converters Europe) pour 5,7 M€ en 2023 et 19 magasins en propre pour… 16,9 M€ de CA cumulé. L’essentiel du parc (78 unités recensées sur le site) reste exploité par des franchisés.
Les difficultés de Cash Converters concernent très directement Carrefour qui lui a confié le développement et l’exploitation de ses corners Carrefour Occasion en 2020 : 15 corners sont encore en activité dans ses hypers (dont 6 exploités directement par des filiales de Cash Converters). Les deux groupes nourrissaient de grandes ambitions lors des premières ouvertures : 80 unités à brève échéance. Des perspectives que Cash Converters mettait en avant auprès de ses franchisés, en tant que deuxième corde potentielle à leur arc. Mais le parc Carrefour Occasion n’a jamais dépassé la vingtaine d’unités, les ouvertures venant compenser les fermetures prématurées, déjà nombreuses : Vitrolles, Villiers en Bière, Lormont, Libourne, St Pierre des Corps, St Egrève, Bourges.
Les déboires des deux partenaires illustrent tout le paradoxe de la seconde main. Le marché explose mais le modèle économique reste très tendu pour ses acteurs. La liquidation en janvier de Patatam/Rediv, acteur clé du textile seconde main en GMS, l’a encore démontré. Cash Converters France, lui-même, a déjà connu la faillite en 2000.
Entre temps, le « C to C » on-line s’est imposé comme le circuit dominant (Vinted, Le Bon Coin, etc.). Pérenniser un modèle physique et rémunérateur pour trois intermédiaires (Cash Converters, son franchisé, Carrefour) relève donc de la gageure sur des produits qui, par nature, portent peu de valeur ajoutée.
Avec Carrefour, Cora, sa future filiale, est l’enseigne d’hyper la plus avancée sur le sujet : 13 corners Easy Cash dans ses hypers. Auchan vient, lui, de fêter les deux ans de son premier corner à Noyelles-Godault, toujours avec Easy Cash. Un test resté sans lendemain à ce stade. Leclerc a, lui, fait le choix d’un développement solo et compte 47 magasins L’Occasion E. Leclerc.