La télé classique “linéaire”, qui suit une grille de programmes, reste interdite aux publicités des enseignes pour de la promo. Mais pas la télé en streaming, qu’on regarde à la demande sur des plateformes. Carrefour et TF1 s’engouffrent aujourd’hui dans la brèche avec des publicités qui seront diffusées sur TF1+.
Les deux groupes l’ont annoncé en avant-première ce matin lors d’une conférence organisée par NPA, Maestis et Philippe Goetzmann. Cerise sur le gâteau : Carrefour partage sa base clients avec TF1 pour cibler, possiblement foyer par foyer, les publicités.
TF1 revendique une base de 25 millions d’utilisateurs connectés à sa plateforme. Avec 14 millions de cartes de fidélité enregistrées, Carrefour connaît une partie des habitudes d’achat de près d’un foyer sur deux en France. Surtout, le distributeur dispose d’un fichier de 8 millions de profils ayant donné leur consentement pour être “adressables”. Les partenaires font le pari que le croisement de leurs deux bases représente une mine d’or pour les marques.
Car ce sont bien les industriels qui financeront les spots à venir. Les futures publicités seront un moyen supplémentaire pour les fournisseurs d’attirer l’attention sur les promos qu’ils ont lancées chez Carrefour. Mais de façon beaucoup plus ciblée qu’avec un prospectus papier, évidemment.
C’est la magie de la TV connectée : les spots s’afficheront sur les écrans des téléspectateurs choisis, un par un ou presque. Les accros de pâte à tartiner chez Carrefour verront la promo Nutella. Les familles qui achètent des céréales pour enfants auront droit à la pub Kellogg’s. Et les clients Skip, le cas échéant, seront abreuvés d’offres par Ariel !
Il sera même possible, via un QR-code à l’écran ou un simple bouton de la télécommande, d’ouvrir le site marchand de l’enseigne au moment où l’on voit le spot pour glisser le produit directement dans son panier.
Bien sûr, sachant exactement qui a vu quel spot, Carrefour sera capable de mesurer l’impact des communications sur les achats dans ses magasins. Une information qui servira ensuite aux industriels, pour affiner leur stratégie.
Cette nouvelle façon de faire du retail media, vous l’aurez compris, aiguise de nombreux appétits. Parce que 86 % des foyers, selon TF1, sont déjà équipés d’une télévision connectée. Parce qu’un tiers du temps passé devant son écran TV est aujourd’hui consacré à autre chose que la télé “linéaire”, et que ce ratio ne fait évidemment qu’augmenter.
Reste à savoir maintenant comment réagiront la presse quotidienne, la radio et l’affichage. Jusqu’à présent, ces trois professions avaient su protéger des appétits de la télévision ce business des annonces “promo”. Là, elles ont beaucoup à y perdre…
“TF1 revendique une base de 25 millions d’utilisateurs connectés à sa plateforme. ”
Combien d’utilisateurs actifs ?
33,5 millions de visiteurs uniques au cours du mois de septembre, dixit TF1. Mais “l’inventaire” proposé aux annonceurs repose aujourd’hui sur 25 millions de profils qualifiés.
Et c’est à ce moment-là que certains clients qui n’ont pas pris de produits éligibles à une remise “fidélité” comprennent pourquoi la caissière insiste tant… “Si si, passez votre carte quand même, on sait jamais”.
La caissière n’y est pour rien, c’est une consigne pour elle, elle doit aller vite et augmenter le taux d’encartage de chaque transaction!
Il y a longtemps, je ne comprenais pas ce que signifiait l’expression “vendre de la data”… Tu fais tes courses, c’est de plus en plus cher et ton magasin, lui, s’enrichit sur ton dos.
Ils le font tous, toutes enseignes confondues, dans tous les secteurs.
Et le RGPD dans tout ça, on en fait quoi?