Le panorama réalisé par VIGIE GRANDE CONSO consacre Grand Frais et Leclerc comme les enseignes alimentaires les plus “productives” en 2023, avec un CA supérieur à 10 000 €/m2 (TTC, hors carburant). Ce classement exclusif donne l’occasion, au passage, d’apprécier les gains de performances théoriques à projeter sur les Cora ou les Casino reconvertis.
> La comparaison des chiffres d’affaires hors carburant des enseignes alimentaires offre une lecture très directe de leurs performances (voir infographie ci-dessous). Le périmètre tous produits, en effet, est plus large par exemple que celui de Kantar, qui ne relève que la consommation alimentaire à domicile.
> La comparaison rappelle ainsi que les hypers et supermarchés de Carrefour, avec 30,1 Mds€ de CA cumulé l’an dernier, ne sont pas si éloignés des 34,7 Mds€ de Leclerc (estimation hors drive, hors Express et hors concepts spécialisés). L’exercice remet également Monoprix à sa juste place : ses ventes sont supérieures à celles d’Intermarché Hyper ou encore d’Hyper U.
> La lecture des chiffres d’affaires par mètre carré, surtout, permet de dresser un palmarès des rendements, flatteur pour certains, décevant pour les autres (voir ci-dessus). Avec 10 600 €/m2, Grand Frais se révèle meilleur que Leclerc (10 500 €/m2), et ces deux très bons élèves laissent la concurrence loin derrière.
> La Coopérative U est plus productive que les Mousquetaires, en hypers comme en supermarchés. Lidl est presque deux fois plus performant qu’Aldi. Netto fait lui aussi un peu mieux.
> Au jeu des comparaisons inattendues, le rendement moyen de Biocoop est similaire à celui de Carrefour Market, autour de 7 000 €/m2. Les surfaces de vente si chèrement payées en centre-ville par Monoprix, elles, sont mal valorisées : 6 700 €/m2 de CA moyen, alors que les Intermarché Super, majoritairement ruraux, tournent à 7 100 €/m2. Des euros qui rémunèrent mieux des mètres carrés moins coûteux…
> L’appréciation de la productivité des magasins donne également des projections théoriques sur les effets attendus des changements d’enseignes en cours. Transformer des Cora en Carrefour, toutes choses égales par ailleurs, pourrait ainsi doper de 45 % leur rendement au m2. Le rachat de la chaîne d’hypermarchés, autrement dit, ne devrait pas rapporter 3,2 Mds € de CA additionnel à Carrefour (les ventes 2023 de Cora), mais plutôt, en théorie, 4,6 Mds €. En théorie…
> S’agissant des supermarchés Match, Carrefour n’a pas prévu à ce stade de bascule d’enseigne. Mais des synergies intelligentes et l’arrivée de la MDD du groupe devraient néanmoins contribuer à faire remonter les performances de Match, pour les rapprocher de celles de Market. C’est en tout cas l’objectif.
> Le ralliement de Schiever à la Coopérative U, à partir de janvier, laisse lui aussi augurer des gains de productivité. A minima de 15 % pour les hypermarchés Auchan de l’opérateur régional bourguignon (moins performant que la moyenne de l’enseigne Auchan). Pour les supermarchés Bi1 de Schiever, la perspective de progrès est carrément colossale : 65 % de productivité en plus s’ils deviennent des Super U !
> Du côté des hypers et supermarchés Casino également, les progrès potentiels offerts par les conversions sont énormes. + 67 % de CA/m2 pour un hyper qui passe Intermarché, + 76 % pour celui qui adopte l’enseigne Auchan. Et + 69 % promis au supermarché transformé en Intermarché, ou + 31 % s’il renaît sous les couleurs de Netto. Du moins, là aussi, en théorie…
> D’abord parce que les transformations se font par étapes. Très peu d’ex-Casino de la première vague, devenus des Intermarché dès octobre 2023, ont bénéficié à ce jour de travaux lourds pour adopter le concept Fab Mag des Mousquetaires. Coincés dans un “entre-deux”, ils n’ont pas encore décollé : + 7 % de CA en moyenne depuis le changement d’enseigne.
> Ensuite parce que la situation sinistrée des anciens Casino sera très longue à redresser. Dans certains cas, elle sera même impossible (un an après son rachat par Intermarché, l’hypermarché de Tours La Riche en offre un triste exemple, revoir ici). Au-delà de la gestion criticable de l’ère Casino, de nombreux emplacements sont de toute façon loin d’être de premier choix (zone de chalandise, concurrence locale).
> Bref, même à moyen terme, il est illusoire de penser que les Casino reconvertis atteindront exactement les mêmes standards que leur enseigne d’adoption. Les études de marché internes des Mousquetaires concluent à un potentiel de redressement moyen de + 50 % pour les Casino qu’ils ont rachetés. Mais prudemment, le groupement s’est plutôt calé sur un scénario à + 30 %. Dont il reste encore à démontrer qu’il est réaliste.
Il serait intéresser voir aussi les écarts à la moyenne par points de vente pour chaque enseigne. Je suppose par exemple que le parc de Carrefoir Market est extrêmement disparate, entre certains supermarchés ruraux vieillissants du nord de la France et des franchisés dynamiques.
Pourquoi les enseignes de proximité ne sont-elles jamais représentées ?
Bonjour,
Avez-vous ce type d’analyse concernant les supermarchés de centre-ville d’une surface de vente comprise entre 500 m² et 2500 m² ?
Notamment je travaille sur un site parisien de 1170 m² utile de surface de vente dégageant 12 000 €HT/m²/an de chiffre d’affaires.
Cette performance m’apparaît élevée. Quand pensez-vous ? Quel pourrait-être le taux d’effort (Loyer + Charges) / CA admissible….?
En vous remerciant par avance pour votre réponse**
Cordialement
Stéphane PEYBERNES
Expert près la cour d’appel de Versailles