C’est l’heure de la MINUTE RETAIL. Aujourd’hui une question : Auchan est-il vraiment le prochain Casino ? La question revient régulièrement. Et la publication récente de résultats financiers peu glorieux a ré-instillé l’idée. Si rien n’interdit de poser la question il faut aussi savoir, en même temps, pointer les différences.
Je suis persuadé que l’AFM finira par racheter Carrefour qui ne coute presque plus rien et qui est une excellente cible, quite à ce qu’Auchan France soit cédé en totalité ou en partie à un tiers (Ahold? Tesco?). Grosses synergies en vue sur l’Espagne, la Pologne, la Roumanie et le Portugal.
La chute sera moins rapide mais tout aussi inéluctable.
La plupart des vrais spécialistes avait prédit la fin de Casino entre 3 et 5 ans, il y a 5 ans.
C’est chose faite.
Pour Auchan, cela sera plus long car la survie n’est pas dépendante des cours de bourse.
Le bas de laine de l’AFM permet de repousser certaines échéances et continuer à croire que les transformations trop lentes et trop tardives vont sauver Auchan.
Les mêmes naïfs de l’époque Casino peuvent encore y croire.
Auchan va continuer à laisser des parts de marché aux indépendants de sa zone, son climat social va continuer à se dégrader, les anciens vont progressivement partir et alléger la masse salariale mais également enlever de la compétence et de l’expérience.
Ce qui faisait la force de l’enseigne, son capital humain, disparait peu à peu.
Auchan a 10 à 15 ans de survie, nous pourrons donc continuer à suivre la lente agonie de ce qui était une magnifique enseigne.
Leclerc a décidé il y a 12 ans de transformer ses magasins sur l’alimentaire, voyant déjà le développement inarrêtable des ventes en ligne (drive, et internet non alimentaire).
Les grands hypers Leclerc souffrent mais toujours moins que ceux des intégrés parce que la politique prix n’a jamais changé et l’expérience client s’est améliorée.
Les autres indépendants majoritairement sur des plus petits formats répondent aux aspirations des clients d’aujourd’hui, ils sont donc plutôt protégés.
Les mastodontes intégrés sont en sursis.
Soit, ils parviennent à modifier leur ADN en réduisant leurs surfaces de moitié (se posera le problème des charges fixes notamment les frais de personnel), soit ils continueront à constater que leur outils de travail est de moins en moins productif, moins attirant par manque d’entretien car manque de ressources et de personnel pour l’entretenir.
Un cercle vicieux dans lequel ne tombe presque plus les indépendants car leur outil de travail d’aujourd’hui est leur belle retraite de demain.
Les fondements financiers sont sains, le groupe familial demeure performant, …. mais les premiers seront de moins en moins sains à mesure que les performances commerciales se dégradent et le second serait encore plus performant sans les contre-performances de Auchan.
Sans prédire une fin aussi rocambolesque que le Casino de Naouri, il n’est pas impossible que l’AFM vive mieux sans Auchan et que Auchan retrouve des couleurs autrement (ou change de couleurs).