C’était ce matin à l’issue de la présentation aux analystes et à la presse (en deux temps différents, comme si les uns ne parlaient pas aux autres et vice versa…) : Wilhelm Hubner prenait la pose sur la terrasse de la Maison des Polytechniciens à Paris. Un passage obligé pour celui qui est à la tête de l’empire Auchan depuis la fin d’année et qui était finalement d’autant plus détendu que ces résultats n’étaient pas les siens (il ne pilotait jusqu’à présent “que” l’activité en Russie / revoir la VIDÉO GRANDE CONSO ici).
Les résultats, donc… Objectivement meilleurs qu’escomptés mais sans effacer toutes les questions lourdes qui se posent à Auchan depuis deux à trois ans (le changement d’état-major illustrant quand même le besoin de relancer la machine, sinon à quoi bon envoyer Philippe Baroukh en Italie et Vincent Mignot en Chine, hein ?). Le chiffre d’affaires progresse de 1,5 % à 52,7 milliards, l’EBITDA de 2,7 % à 2,7 milliards et le résultat d’exploitation courant de 5,5 % à 1,2 milliard. De prime abord, la copie est plus que convenable. Reste que la progression de la rentabilité est pour la plus grande partie (et comme évoqué ici dès samedi) le fruit des gains à l’achat obtenus suite aux alliances avec U et Metro. En clair, elle ne traduit pas l’amélioration des activités. Notamment parce que les ventes en comparables sont en recul : – 1,3 %. Et, dans le commerce plus qu’ailleurs, difficile d’escompter des profits en hausse avec des comparables (ou “Like for like” en anglais pour faire savant) en baisse. Sur le sujet, le nouveau boss attend des patrons de pays un plan stratégique d’ici à l’été. Objectif : relancer la croissance.
En France plus qu’ailleurs, le retour à la croissance est “LE” défi de la nouvelle équipe (dont les premiers signes sont attendus “en fin de second semestre“). L’an dernier, les ventes dans l’Hexagone ont baissé de 2,7 %. Et l’entêtement à ne pas communiquer le chiffre des hypers Auchan en deviendrait presque touchant si mes camarades de Linéaires ne l’avaient pas déjà rendu public… – 2,8 %. C’est dire si le nouveau président d’Auchan France, Patrick Espasa, a du boulot… 2015 est en effet la troisième année consécutive de recul après – 2,4 % en 2013 et – 1,7 % en 2014.
C’est d’ailleurs sur cette trajectoire que j’ai interrogé Wilhelm Hubner. Ma question en substance : “Vous avez quitté la France il y a 6 ans avec des hypers encore en croissance. Vous revenez alors que l’enseigne aligne trois exercices de recul en comparable : qu’est-ce qui est endogène (l’enseigne), qu’est-ce qui est exogène (le format) ?“. Sa réponse, in extenso : “Quand j’ai quitté la France il y a 6 ans, c’est vrai que, sauf exception, nos hypers étaient en croissance. A mon retour, beaucoup sont en recul. Mais je note que c’est le cas de nombreux grands hypers. Sur le Top 100 (de Linéaires), une quinzaine d’hypers seulement sont en progression. Pour autant, l’hyper conserve des atouts. Déjà son trafic. Chez Auchan, ce sont 280 millions de passages caisse par an ! Pourquoi ? Parce que c’est un type de magasin pratique (on trouve tout) et économique […] Pour relancer la machine, le principal travail est à mener sur l’offre. Aujourd’hui, il n’y a jamais eu autant d’offres disponibles sur le marché. Nous devons faire sur le sujet un travail approfondi“. En gros, être un meilleur sélectionneur plutôt que tailler dans les surfaces pour réduire les mètres carrés utilisés. Puis Wilhelm Hubner d’évoquer les marques “audace” en non-alimentaire (Airport, Qilive, etc.), en cours de déploiement dans tous les pays. En alimentaire, la surface dont Auchan dispose (et sur laquelle il n’est donc pas question de revenir) doit être davantage utilisée pour servir la puissance des produits frais traditionnels. Lesquels doivent être… “reprofessionnalisés“. Pour le coup, c’est à y perdre son latin car la précédente équipe ne disait en la matière rien de différent. Sans doute car, en la circonstance, le diagnostic est somme toute aisé. Le plus dur venant juste après. Ca s’appelle… l’exécution 😉