LES FAITS. Casino a annoncé cette semaine avoir signé – en exclusivité pour la France – avec le britannique Ocado pour créer un entrepôt de préparation de commandes alimentaires en région parisienne.
Aucun doute, il y a dans le deal Casino / Ocado davantage qu’un simple contrat de prestation de services entre un donneur d’ordres (Casino, via Monoprix, qui reçoit des commandes alimentaires à livrer en région parisienne) et un banal sous- traitant qui maîtrise une technologie efficiente et qui la monnaye. Aucun doute, il y a même une réelle dose d’habileté dans la nature du deal : Casino proposera le service mais sans en assumer l’investissement puisque le groupe ne financera pas l’entrepôt mais paiera la prestation au fil de l’eau (selon le volume et le taux de service). Aucun doute, donc, Casino a réussi un joli coup. Mais dans ce panégyrique (il suffit de relire tout ce qui a été écrit depuis mardi), a-t-on le droit de s’étonner… ?
Aveu de faiblesse
Premier étonnement : aussi bien ficelé soit-il, ce deal signe quand même comme un aveu de faiblesse pour le e-commerce alimentaire by Casino. Faut-il par exemple rappeler que le groupe est parmi les pionniers avec le lancement (puis l’arrêt trois ans plus tard) de C-mescourses en septembre 1999 ? Que Monoprix disait avoir enfin trouvé la martingale il y a… moins de deux ans en présentant (et fièrement, je peux en témoigner) son nouvel outil : l’entrepôt de Gennevilliers, tout entier dédié à la préparation de commandes ? Le temps s’accélère certes mais il n’est pas totalement gourdiflot de s’étonner de la rapidité du revirement.
Le deal ne résout pas le problème de la livraison
Sur le fond, à présent… “Ocado sait préparer une commande de 50 articles en 6 minutes”. L’image est frappante et a été reprise en boucle, parce que suggérée dans la communication officielle. Aucune raison d’en douter mais l’exigence, quand même, de la relativiser… Ocado prépare donc sur un rythme de picking de 500 articles à l’heure. C’est certes deux fois plus élevé que le picking manuel dans un Leclerc Drive, un Auchan Drive ou un Chronodrive, mais c’est une “perf’” finalement en ligne avec les quelques solutions d’automatisation opérant déjà en drive. Et même si Carrefour n’a pas (encore ?) communiqué sur son concept de plateforme de préparation de commandes, comment imaginer que la solution d’automatisation retenue ne propose pas pareille productivité ? Là encore, traîner en entrepôts ça et là conduit à relativiser, sans pour autant contester à Ocado un réel savoir-faire.
Enfin, la livraison… C’est “LE” problème du e-commerce alimentaire et la raison pour laquelle le marché végète (moins de 10 % du drive par exemple). “Problème”, car les coûts sont largement incompressibles dès lors que la livraison est motorisée, ce qui restreint de fait le potentiel du marché. Et que lit-on… ? Que l’entrepôt Casino/Ocado livrerait à 200 voire 300 km. Là, c’est un… devoir de s’étonner ! En tous les cas pour escompter un développement massif.
Olivier Dauvers
Pour télécharger TRIBUNE GRANDE CONSO, c’est ici
Olivier, lisez-çà. C’est long, lourd et pas toujours simple, mais fort bien expliqué : https://www.oxfordmartin.ox.ac.uk/downloads/CITI%20REPORT%20ADR0N.pdf
“by” casino ?
C’ est une synthèse…