Comme je vous l’annonçais ici, Carrefour a lancé vendredi son assistant de courses virtuel, s’appuyant sur l’IA de ChatGPT. Une première. Évidemment, j’ai testé. Hopla, puisque c’est le nom de cet avatar en forme d’œuf (appréciez le jeu de mots…) se cantonne pour l’heure aux seules fonctions directement liées aux produits, recettes et listes de courses. Décryptage en trois séquences…
La relation client (les horaires, les commandes, le programme de fid, etc.) n’est pas prise en charge par Hopla, qui renvoie en général vers les FAQ du site quand on l’interroge. C’est, certes, annoncé d’emblée dans la boîte de dialogue, mais j’imagine qu’une bonne part des clients testeurs en resteront surpris (voire déçus). Car ces fonctionnalités sont d’ordinaire le socle des missions d’un chatbot… avant la quête d’une recette de quiche lorraine.
—-
Plus embêtant à mon avis, Hopla n’interagit pas réellement avec l’offre et les prix pratiqués par Carrefour. En clair, ChatGPT a du mal à s’appliquer à des cas concrets réels sur l’offre et les prix.
Sur les prix, il botte en touche systématiquement. Impossible, par exemple, d’avoir l’écart de prix entre du bio et du conventionnel sur un panier de produit défini. Alors que sa connaissance encyclopédique lui aurait permis de répondre à la question, il coince aussi sur la différence de tarifs entre un roquefort et un bleu d’Auvergne (le roquefort est forcément au lait de brebis, donc beaucoup plus cher).
Sur l’offre du site, Hopla ne vous sera pas d’un grand recours non plus : il ne vous aidera pas à savoir si tel produit est disponible sur le site, ni ne vous contredira si vous lui dites qu’il y manque tel article. Ni ne vous conseillera telle marque en substitution de telle autre.
Et, troublant, la même question peut recevoir des réponses différentes. Une première fois, il m’assure que, oui, Carrefour vend des beurres Nutri-Score A et B (ce qui est impossible) ; la seconde fois, il ne s’avance plus sur le sujet…
—-
Hopla fait en revanche complètement ses preuves si on le cantonne dans sa stricte zone de confort : la connaissance livresque des produits. Il vous fera sans problème un (long) topo sur la différence entre un vin bio et un vin HVE, un poulet Label Rouge vs standard, etc., y compris sur des sujets pointus. Et vous proposera n’importe quelle recette, même avec un « cahier des charges » alambiqué : comment remplacer le blanc d’œuf par de l’eau de pois chiche par exemple.
Au-delà des recettes, toute la valeur ajoutée du système réside dans sa capacité à être force de proposition pour les courses. Et ça c’est top ! En clair, on lui donne un budget et un nombre de personnes au foyer et il est capable d’établir une liste de courses pour la semaine, y compris en respectant les contraintes les plus variées (allergènes, absence de premiers prix par exemple). Vous lui demandez plus de ci et moins de ça dans le panier (je n’aime pas les petits pois, plus de poisson et moins de viande, etc.), il s’adapte illico. Avec la fonction de mise au panier, l’expérience est ultra-rapide et assez bluffante.
Comme toujours avec les nouvelles technos, restera à voir si Hopla est adopté sur la durée ou se cantonnera à une fonction gadget. Mais vu l’engouement entourant ChatGPT, et l’IA générative plus globalement, il y a lieu d’être optimiste !