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Découvrez le plan de Kretinsky pour relancer Casino…

Casino a confirmé peu avant 8h ce matin avoir conclu un accord avec le duo de repreneurs Kretinsky/Ladreit de la Charrière, soutenu par le fonds Attestor (qui détient une part significative de la dette). Accord pour un refinancement du groupe via recapitalisation (apport d’argent frais) et transformation de créances en actions, ce qui dilue mécaniquement les actionnaires précédents, lesquels se retrouvent avec moins de 0,5 % du capital.

Jusque-là, rien de nouveau. L’accord est finalement conforme à ce qui était attendu (Casino a obtenu en sus de ne pas être en défaut pour non-respect des covenants bancaires au 30 juin et au 30 septembre). Le plus intéressant est à lire pris dans le document complet aussitôt mis en ligne par Casino (en libre-téléchargement ici) et présentant à la fois les nouvelles prévisions 2023 de Casino et, surtout, le plan des repreneurs pour relancer la vieille dame stéphanoise…

Côté prévisions, Casino s’attend donc à une baisse de ses ventes en France en 2023 : 14,9 Mds€ vs 15,8 Mds€. Ce qui, en période d’inflation, traduit bien les difficultés commerciales… L’EBITDA n’atteindrait plus que 214 M€, à comparer à 1,3 Md€ l’an dernier. Bref, Kretinsky s’apprête à prendre les commandes d’une entreprise certes assainie financièrement (par résorption de la dette) mais très affaiblie commercialement. Autant dire que, comme j’ai eu l’occasion de l’expliquer récemment dans une “Minute Retail” (ici), le plus dur commence !

Pour relancer le commerce, justement, Kretinsky a donc son plan et l’a rendu public. Je cite, dans l’ordre : 1 /Adopter un positionnement prix EDLP (every day low price) et s’y tenir sur le long terme ; 2/ Investir massivement dans la rénovation des magasins et l’emploi afin d’améliorer la qualité du service ; 3/ Augmenter les dépenses en marketing ; 4/ Améliorer l’assortiment de produits frais à travers l’ensemble des enseignes, notamment via des partenariats/en concession avec des leaders de leur métier ; 4/ Refonte de concepts (par exemple Franprix) et test de nouveaux concepts (par exemple Cash and Carry) ; 5/ Développer l’offre MDD ; 6 / Relancer l’expansion de manière sélective et principalement via la franchise, en accélérant la conversion en franchise des magasins en propre ; 6/ Accélérer la transition de Cdiscount vers un modèle marketplace.

Autant de directions (dont certaines très coûteuses… ce qui posera la question de leur financement !) qui, selon le plan de Kretinsky, devraient conduire à une relance du chiffre d’affaires en 2025 et à un quasi-triplement de l’EBITDA (de 2,3 % à 6,1 % du CA) à horizon 2028. Sur le papier (ou sur un tableur excel) pourquoi pas. Toute la question étant de savoir si les 2 milliards d’investissements prévus sur les 5 ans suffiront…

Pour télécharger librement le document “Prévisions 2023 / Plan de relance”, c’est ici >>

22 commentaires

  1. Ça me rappelle la présentation d’objectifs en magasin.
    “Alors, on va relancer la dynamique du rayon, on va réimplanter, on va revoir toute la gamme avec des nouveautés tous les mois, on va baisser les prix , être plus agressif en promo, faire des animations , développer le conseil et enfin réduire les stocks . Tout ça pour un +15 en chiffre et un + 10 en marge valeur et 5 jours de moins en stock”.
    Et là, mon patron m’a dit “tu n’y crois pas un seul instant ?”….euh, non ….
    Ben, pour Casino, je n’y crois pas non plus.

  2. Le problème de Casino pour y avoir fait un passage il y a quelques années, c’est que c’est une excellente chaîne d’exécution, mais avec hélas très très très peu de leadership : une armée de caporaux même aux postes d’officier supérieurs. Le règne de Naouri a renforcé cela : j’ai vu monter très haut d’anciens collègues qui n’avaient pour eux que leur capacité à accepter et exécuter, mais incapables d’avoir une vision globale ni une prise de recul. Cela a aussi poussé les bons à partir… et avec les difficultés de ces dernières années beaucoup de bons éléments ont quitté la vieille dame.
    Une priorité pour Kretinsky sera de constituer des chaînes de commandement dignes de ce nom avec des patrons fonction dignes de ce nom et non juste des chambres d’enregistrement

  3. Ils se sont TOUS trompés ? Pendant une semaine, on a pu lire des tonnes d’articles de presse sur la vente probable de 600 magasins à Lidl via Attestor. Sur les réseaux sociaux : pareil, chacun y allait de son commentaire, “ouai super”, “tous les Monoprix vont devenir des Lidl”, certains imaginaient une fusion des deux centrales d’achats et on observait des comparaisons inattendues, chacun donnant son point de vue “les marques Lidl sont mieux et moins chères que les marques de Monoprix”, “mais non, c’est l’inverse, Monoprix, c’est mieux” lui répondait un autre. Bon, ben, finalement : pas un mot sur Lidl dans les communiqués publiés aujourd’hui. Et pas d’annonce de cessions de Monoprix dans les projets. Le bonnet d’âne du jour revient donc au journal Le Monde qui avait lancé cette rumeur Lidl devenue ensuite virale. Le film n’est pas fini, mais pour l’instant, pas de Lidl dans le scénario.

  4. Le Monde n’a fait que sortir une info qui a été confirmée par le fonds Attestor : à savoir, avoir reçu une marque d’intérêt pour des magasins Monoprix et Casino. Pour le coup, rien de faux. Quant à dire que c’était fait, personne de sérieux ne l’a écrit. En tous les cas pas moi 😉

  5. « Refonte de concepts » ce serait pas mal de réunir tous les Casino shop/shopping, petit Casino, Vival, Casino Supermarchés voire aussi Hyper Frais sous une seule enseigne Casino pour que ce soit plus lisible

  6. Voilà un plan qu’il est bon et original…Jamais entendu par ailleurs! Comme le disent les anglosaxons: more of the same. Et probablement avec les même résultats (via le commerce, car l’immobilier peut être une belle ressource..)

  7. Petite analyse complémentaire du plan de relance de Casino

    1) Edlp : complètement d’accord à condition de s’y tenir et de façon « ultra rigoureuse »
    La promotion est une drogue qui oblige pour maintenir les marges à faire faire le yoyo aux prix des articles de fonds de rayon ce qui est extrêmement dangereux pour le moyen terme
    Le seul qui a les moyens aujourd’hui de se payer cette came c’est Leclerc
    2) Investir massivement dans la rénovation des magasins
    Ça risque de couter un pognon de dingue et cela ne sert à rien si les fondamentaux commerciaux ne sont pas mis en place
    Si je devais prioriser la rénovation je le ferais d’abord sur Monoprix
    D’abord parce que cette enseigne tire encore son épingle du jeu et a des emplacements privilégiés
    Ensuite parce que les actifs de Monoprix sont à l’abandon depuis la séparation d’avec la famille Moulin et que cette enseigne qui se dit « moderne » doit avoir des actifs en rapport avec son positionnement
    Enfin parce que s’agissant de magasins urbains avec beaucoup de passage client , ils s’usent très rapidement
    3) Augmenter les dépenses en marketing
    Ca c’est nul car prématuré
    Tant que commercialement tu n’es pas en ordre de marche , tu vas communiquer sur quoi ?
    Le sexe des anges ? (désolé MR Dauvers pour ce passage sexuel : ne me sanctionnez pas)
    Le commerce c’est comme le rugby : les FONDAMENTAUX
    Cela ne sert à rien de faire jouer les minets de derrière si au préalable les gros de devant n’ont pas gagné le ballon en touche ou en mêlée
    Sinon tu prends 50 points contre les rosbifs (encore un mot susceptible de censure : désolé)
    4) Améliorer les PF avec éventuellement des partenariats
    Oui c’est une priorité
    D’abord parce que la qualité des PF (de façon régulière et non négociable) est un vecteur d’augmentation de trafic (voir Grand Frais) et c’est l’action la plus simple pour faire revenir des clients ce qui est prioritaire
    Ensuite parce ce que c’est une preuve d’intelligence que de considérer qu’il n’est pas dégradant de s’associer avec des pros , cela fait gagner du temps et garantit la pertinence des opérations
    Je l’ai fait autrefois avec des pros des FL et le quota a gagné 5 points et nous avons fidélisé la clientèle
    J’ai trop connu des anciens collègues des hypers clamer que si un franchisé faisait quelque chose de bien , il n’y a pas de raison qu’on ne fasse pas aussi bien en intégré
    Eh bien si il y a des raisons et pas qu’un peu
    Bien s’accompagner est préférable à pérorer seul sur un rocher instable
    5) Refonte de Franprix
    Fausse analyse
    Ce n’est pas le concept qui pêche c’est l’application par les « pseudo franchisés » Franprix (en gros des néo succursalistes comme mr Zouari (ce n’est pas en dire du mal , c’est Casino qui a laissé faire sous la responsabilité d’un ancien dirigeant qui va surement revenir dans le game avec le nouvel actionnaire)
    Prix hors sol, actifs out, magasins mal tenus
    Ce n’est pas d’une charte conceptuelle dont Franprix a besoin (ça c’est facile , un bon power point et roulez jeunesse) c’est d’une véritable charte commerciale de responsabilité partagée et appliquée par les propriétaires de fdc Franprix (je n’emploie pas franchisé à dessein)
    Mais ça c’est plus difficile car cela nécessite le courage de s’attaquer aux baronnies et la personne à qui je pense certes un excellent professionnel et très intelligent me semble manquer de cette volonté de s’attaquer à ce vrai problème : l’exécution chez Franprix
    5)bis
    Cash and carry : le papier ne refuse pas l’encre mais tu ne vas pas aller « uriner » (je soigne mon vocabulaire) loin avec cela
    Devant l’ampleur de la tache , c’est comme vouloir gagner le tour de France en rajoutant une sonnette sur le vélo pour que les spectateurs se poussent

    6) Expansion en franchise (et vente de magasins intégrés)
    Oui mais à condition de faire de la vraie franchise en one to one , pas en construisant des relations avec des nouvelle entités succursalistes
    C’est plus compliqué mais cela garantit le moyen terme
    Il faut franchise Monoprix
    Et développer Monop : comment se fait il que cette enseigne pionnière en ville se soit fait damer le pion par carrefour city et express
    Il y a un truc à penser derrière cela : facile à mettre en œuvre car le back office et le savoir-faire existe
    Passer des Franprix en Monop

    7) Accélérer c discount vers un modèle market place
    Quelle bel après-midi cette nuit
    Ça fout la trouille une phrase pareille , je n’y comprends rien ça sent la technocratie à deux balles

    Donc bref comme disait mon ami feu Michel Choukroun
    Y a un p….. de chemin à faire

  8. Pour les mdd j’ai une suggestion qui va faire grincer des dents chez les égo surdimensionnés et les querelles de clochers inappropriées
    J’arrête les frais avec la noria de mdd propres à chaque enseigne
    J’uniformise car dans une période où il va falloir se battre au centime , cela peut permettre de créer de la valeur dans les achats et de faire des économies et logistique et marketing et améliorer la trésorerie
    Pour l’ensemble des premiers prix : c’est une évidence c’est Leader Price compte tenu de son image
    Je vais plus loin si l’inflation se calme et permet des actions
    Je sticke le prix (compte tenu du nombre de produits peu d’impact sur la marge et sur la relation contractuelle avec les franchises) afin d’être sûr que l’image prix peut circuler partout
    Cela peut même être un vecteur de communication
    Pour les produits régionaux je crée une marque type reflets de France
    Pour le premium je garde le gourmet de monoprix qui véhicule bien l’image et je vire le monoprix
    Reste le cœur de gamme
    Plusieurs scenarii
    Celui à l’itm ou lidl avec des marques ombrelles
    Risqué car certaines sont ok comme pâturages , d’autres plus aléatoires comme chabrior
    Et puis démarrer from scratch en pleine période de crise
    Celui à la stellantis pour rebaptiser le groupe (ce sera de tloute façon incontournable) et donc communiquer sur la marque du groupe (comme si c’était un nouveau groupe)
    Celui à la promodès en utilisant une veille marque significative parmi le portefeuille de marques (j’évite Forza 😊) ce fut le cas de reflets de France qui était une marque de codec
    Celui à la merci créative des agences de pub et créer ex nihilo une marque commune
    Va falloir du courage pour se heurter à toutes les baronnies internes qui vont se répandre en sanglots des violents de l’automne
    Mais ça aurait le mérite d’immédiatement foutre un bon coup dans le fourmilière
    Et ce serait déjà salutaire !

  9. En gros son plan c’est « on va bien gérer la boîte » et « on va être plus intelligents que ceux d’avant ».
    Ps grand chose de nouveau sous le soleil

  10. Tout ce que je lis est plein de bon sens, de vérité opérationnelle et c’est évidemment ce qu’il faudrait faire.
    En ce sens, nous sommes bien tous des sélectionneurs de l’équipe de France.

    Mais tout cela ne se fera pas, l’enseigne et le groupe sont morts. Les points de vente vont lentement et surement se diluer dans les autres enseignes.
    Pourquoi?
    – Parce que le patron à la baguette n’est pas un commerçant
    – Parce que la réalité des attentes des actionnaires aura vite fait de rattraper les bonnes volontés commerciales.
    – Parce que les équipes encore en place sont rincées pour les plus compétentes ou incompétentes pour les plus récentes. Sans Humain le commerce n’est rien, c’est pour cela que les indépendants sont les plus performants. La valeur ajoutée humaine (je ne parle pas d’un grand patron) ne s’achète pas même avec des milliards. Elle se construit, elle se vit, elle se partage. Et pour ça il faut des convictions et des tripes au quotidien sur le carrelage.
    – Parce que les concurrents ne vont pas attendre sagement que Casino renaisse de ses cendres. Le train est passé, la messe est dite. Seul Lidl a su révolutionner son modèle, mais il n’était pas au fond du trou comme Casino et pas composé d’une myriades d’entités toutes différentes les unes des autres.

    Bref , dans 2 ans l’ex groupe Casino n’existe plus.

  11. Le problème dans la GD est que lorsque l’on commence à plonger on est vite happé par le fond..
    D’autres ont connu la même mésaventure (Codec, Euromarché, Montlaur,… repris in extremis avant le dépôt de bilan)
    Hélas, DK (et encore moins son associé MLDL) n’est pas un commerçant….
    Le problème de la dette a été résolu mais pas celui des pertes d’exploitation
    La différence avec les défaillances du passé est que le repreneur n’est pas un grand distributeur expérimenté et aux reins solides et que Casino est dans un état pitoyable….
    Les grands distributeurs nationaux et internationaux ont prudemment ignoré le dossier…. (sauf ITM qui reprend-intelligemment-une poignée de mago)
    Le plan présenté est très beau sur le papier mais le temps est compté..
    Dès la fin de l’année le défaut de paiement va pointer le bout de son nez… (j’espère me tromper…)
    Alors viendra le temps de la découpe de la bête….. Qui a encore quelques beaux morceaux….
    Les perdants seront toujours les mêmes… salariés, créanciers , fournisseurs, petits actionnaires (JCN les a décidément bien roulés…)
    R.I.P Casino…

  12. Je suis passé ce matin au Géant Casino de Carcassonne
    La majorité des commerces de la galerie marchande sont fermés
    Une des portes d accès ne marche plus….
    Daniel tu vas avoir du Turf…

  13. Dans un cas comme celui de Géant Casino Carcassonne je ne vois qu’une solution
    Diminuer la surface du Super de moitié,faire venir pour un loyer à vil prix Action à l’étroit dans sa surface actuelle ou Primark pour relancer l activité
    Dans un cas comme celui ci ce n’est pas le plan en 6 points qui va résoudre le problème
    On n’a jamais soigné un cancer avec du Doliprane
    Good Luck Daniel

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