« Merci d’être venus aussi nombreux et bon retour ». Cet après-midi, le juge du tribunal de Commerce de Rennes s’est fendu d’une formule teintée d’humour pour saluer la centaine de franchisés Carrefour entassés, debout, dans la petite salle accueillant la première audience d’assignation du procès intenté par l’AFC (Association des Franchisés Carrefour) à la branche proximité du groupe.
Une audience purement formelle et expédiée en 5 minutes, destinée à fixer l’agenda des conclusions définitives des avocats des deux bords (le 27 juin, donc).
Outre l’espoir d’impressionner le tribunal, le but de cette mobilisation surprise était surtout de convaincre Carrefour que l’AFC ne rigolait plus. L’association, qui revendique 200 adhérents sur les plus de 2 000 que compte la branche proxi de Carrefour, s’engage dans un bras de fer judiciaire, à défaut d’être parvenu à ses fins par le dialogue.
L’enjeu est limpide : une meilleure répartition de la valeur entre les exploitants et la tête de réseau. Un sujet plus que touchy pour Carrefour : selon mes sources (généralement bien informées 😉 ), la proxi a généré plus de la moitié du résultat courant (ROC) de Carrefour en France ces 5 dernières années. Et même plus de 70 % en 2018, 2019 et 2020.
Les franchisés mécontents, eux, mettent en cause un « déséquilibre significatif du montage contractuel » et « l’absence de rentabilité économique du franchisé ».
« Sur le plan juridique, notre dossier est béton, assure Thierry Barbier, franchisé Carrefour City à Villepreux (78) et président de l’AFC. Carrefour a perdu les 47 derniers procès intentés par des franchisés. » Cette fois l’assignation est collective. Ce qui donnera une toute autre ampleur aux conséquences, si les franchisés frondeurs arrivent à leurs fins. Le feuilleton judiciaire est parti pour durer quelques années…